Le gouvernement birman — qui a succédé en mars 2011 à la junte miliaire qui s'est autodissoute – s'est engagé, dans une transition démocratique et une politique de libéralisation économique visant à rompre son isolement diplomatique, à attirer les investisseurs étrangers. Il n'a pas d'autre choix que de procéder à des réformes face à une situation économique critique et à une crise monétaire tout aussi grave. Début mars, il a promis de poursuivre les réformes et appelé les investisseurs étrangers à soutenir son pays où, a-t-il dit, «le processus de démocratisation n'en est qu'à ses balbutiements». Jusqu'où les militaires, qui officiellement ont renoncé au pouvoir, s'effaceront-ils, sachant que leur rôle dans les institutions reste important ? Renonceront-ils à leurs privilèges exorbitants dans un pays où les 2/3 de la population vivent en deçà du seuil de pauvreté ? L'ex-général Thein Sein – à la tête du nouveau gouvernement «civil» qu'il dirige depuis le 30 mars 2011, date à laquelle le général Than Shwe, au pouvoir depuis 20 ans, lui laisse son poste — a évoqué, le 17 août 2011, dans un discours devant le Parlement les droits des citoyens, des réformes économiques et la préservation de l'environnement. Le 6 septembre 2011, une commission spéciale pour les droits de l'homme, chargée de garantir les droits des citoyens, est mise sur pied. Le nouveau gouvernement dévoile une série de mesures parmi lesquelles la suspension de la construction d'un barrage sur le fleuve Irrawaddy, dans l'Etat Kachin au Nord, pour «respecter la volonté du peuple», après que des défenseurs de l'environnement ont critiqué le projet de trois milliards d'euros. Ainsi le chantier — qui a entraîné le déplacement de 600 villages — destiné à fournir de l'énergie en Chine a été suspendu jusqu'en 2015. Le 11 octobre 2011, le gouvernement annonce la libération de plus de 6 000 prisonniers. Le 12 octobre 2011, le président Thein Sein débute un voyage officiel en Inde afin de rééquilibrer les échanges vis-à-vis de la Chine. Le gouvernement signe, le 12 janvier 2012, un cessez-le-feu avec le principal groupe rebelle karen, engagé dans une guerre civile depuis l'indépendance du pays en 1948. La Birmanie est le théâtre depuis des décennies de plusieurs conflits ethniques et les pays occidentaux ont posé comme condition, à la levée de leurs sanctions, la conclusion de cessez-le-feu entre le gouvernement et les différents groupes armés. Les autorités sont parvenues à conclure une trêve avec la plupart des 16 mouvements séparatistes du pays. L'Union européenne décide, le 23 janvier 2012, de commencer à alléger son régime de sanctions à l'encontre de la Birmanie. Les ambassadeurs des vingt-sept pays du bloc se sont mis d'accord, à Bruxelles, pour commencer dans une «première étape» à lever quelques interdictions de visa frappant des membres du régime. 75% de démunis dans un pays riche en ressources naturelles L'économie reste contrôlée par une poignée de nantis fidèles au pouvoir ou d'officiers supérieurs convertis aux affaires. Par ailleurs, il n'est pas sûr que la population profite de la libéralisation économique envisagée, au regard de l'énorme retard du système éducatif et de formation qualifiée. Les infrastructures sont insuffisantes, le pays ne dispose pas de système bancaire, ni de réseau de télécommunications. Plusieurs décennies d'isolement ainsi qu'un sévère régime de sanctions occidentales contre le pouvoir militaire répressif ont fait du Myanmar l'un des pays les plus pauvres d'Asie. La Birmanie est pourtant un pays riche en ressources naturelles et minières. C'est le 5e producteur mondial de gaz, dont une partie est exploitée depuis 15 ans par Total et par des entreprises chinoises. Avec 19 champs d'exploitation à terre et 3 offshore, la Birmanie aurait des réserves exploitables de 510 milliards de m3 sur un volume total de 2540 milliards de m3 de réserves estimées. Le deuxième revenu de la Birmanie sont les produits agricoles : riz, légumes secs comme le haricot (18 variétés), fruits, légumes frais. La Birmanie produit 15 millions de tonnes de riz par an (jusqu'à trois récoltes annuelles dans les régions humides), 12 millions de tonnes sont destinés à la consommation locale, les trois millions de tonnes restants sont exportés. La troisième source de revenus provient des pierres précieuses. La Birmanie produit deux tiers des rubis mondiaux. Une nouvelle mine d'or a été découverte en 2011, elle n'est pas encore exploitée. Les bois précieux, comme le teck qui représente 75% du teck mondial, 60% du territoire birman est couvert de forêts de ce bois précieux. Le teck est protégé par l'Etat, c'est sa propriété, même celui qui est planté par des particuliers. La coupe d'un arbre de teck, hors législation, entraîne trois ans de prison. Un particulier ne doit pas détenir plus d'une tonne de teck. 400 000 tonnes de teck sont exportés par an. Une tonne de teck revient entre 3000 et 8000 dollars. A ce jour, les investissements étrangers se concentrent principalement dans les secteurs du gaz, du pétrole, de l'énergie hydroélectrique et des mines, secteurs dans lesquels la France, la Corée du Sud, la Thaïlande et surtout la Chine arrivent en tête. La Chine, par la force des choses, s'est imposée comme partenaire prédominant, aussi bien sur les plans économique, que politique et militaire. Et dans une moindre mesure le régime birman s'est adossé à la Thaïlande et à l'Inde. La Chine représente 40% des investissements étrangers et 34% des échanges extérieurs. Dans un communiqué publié fin janvier après une mission en Birmanie, le Fonds monétaire international (FMI) avait estimé que le pays avait «un potentiel de croissance important», prévoyant 5,5% pour l'année fiscale 2011-2012 et 6% pour 2012-2013. Il pourrait devenir la nouvelle destination à la mode «s'il peut tourner à son avantage ses richesses naturelles, sa force de travail jeune et la proximité de certaines des économies les plus dynamiques du monde», avait ajouté le FMI.