La Commission nationale de surveillance des élections législatives (CNSEL) a repris hier ses travaux, après un mouvement de protestation qui a duré près d'une semaine. Un arrêt des travaux observé pour contester le mépris des pouvoirs publics et leur refus à répondre favorablement à leurs doléances. Il se trouve toutefois que la Commission a décidé de reprendre ses travaux sans avoir réglé les problèmes à l'origine du gel. Pourquoi recourir au gel ? Quelles décisions ont été prises par les représentants des 44 partis siégeant au sein de la commission après les réunions marathons tenues à cet effet ? Seddiki, porte-parole de la CNSEL, rassure que l'option de la dissolution de cette instance, comme préconisé par certains représentants de partis politiques, n'est pas à l'ordre du jour. «La question relative à la dissolution de la commission n'a pas été débattue au cours de la réunion. Et je tiens à vous informer qu'on avait observé le gel de nos activités pour alerter et prendre à témoin l'opinion publique», explique M. Seddiki. Il maintient, par ailleurs, l'idée de saisir encore une fois le premier magistrat du pays pour lui exposer l'ensemble des problèmes auxquels ils sont confrontés dans l'exercice de leurs fonctions, notamment évoquer l'affaire des militaires inscrits en nombre sur les listes électorales après l'expiration du délai légal. La commission exposera aussi et surtout la proposition relative à l'instauration d'un bulletin unique lors des législatives du 10 mai prochain. Outre l'annonce de la reprise de ses travaux, l'instance présidée par M. Seddiki a également rendu public un communiqué dans lequel elle dénonce les dernières déclarations de Mohamed Talbi, directeur des libertés et des affaires juridiques au ministère de l'Intérieur. Ce responsable avait indiqué, dans un entretien au quotidien El Khabar, que les revendications de la CNSEL relevaient de la provocation tout en jugeant irréaliste la demande de la commission relative à l'option du bulletin unique. «Le représentant du ministère n'a pas respecté le droit de réserve et la neutralité dont doit jouir un fonctionnaire chargé de veiller au bon déroulement des élections», expliquent les membres de la commission. Ces derniers estiment qu'un tel comportement porte atteinte à la crédibilité de l'administration et demandent l'intervention du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales pour mettre fin à ce genre de pratiques. Par ailleurs, la commission, selon son président, demeure attachée à l'option d'un bulletin unique, qui est, a-t-il rappelé, le choix de la majorité des partis politiques en lice, affirmant que ce mode «a fait ses preuves dans plusieurs pays, notamment en Tunisie et en Egypte». Il a, dans ce sens, précisé que l'instance qu'il préside avait proposé au ministère de l'Intérieur l'installation d'une commission technique composée de représentants de la CNSEL et du ministère pour trancher cette proposition. Notons dans ce sillage que des chefs de parti ont signé un communiqué commun dans lequel ils apportent leur soutien aux propositions de la CNSEL. En plus de la validation d'un bulletin de vote unique et de l'annulation des militaires inscrits en bloc sur les listes électorales après l'expiration du délai légal, l'instance de surveillance des élections revendique aussi le détachement des membres des commissions communales et de wilaya pour qu'ils se consacrent pleinement à l'accomplissement de leur mission et la mise à leur disposition de moyens logistiques. Les membres de la Commission demandent en outre la clarification des modalités d'application de l'article 3 de la loi électorale relatif à la représentation de la femme sur les listes électorales, un article jugé «flou et ambigu» par nombre de formations politiques.