Le virus H5N1 de la grippe aviaire inquiète de plus en plus le monde. Les mesures draconiennes de prévention se multiplient et les mouvements migratoires des oiseaux n'ont jamais été suivis d'aussi près. Les pays sont en état d'alerte. C'est dans ce cadre que l'Institut Pasteur d'Algérie a organisé, hier, une journée scientifique d'information et de sensibilisation sur la grippe aviaire au Nouvel Institut Pasteur d'Algérie (NIPA) à Dély Ibrahim. Les spécialistes ont mis l'accent sur l'évolution de la maladie, la nature du virus, ses facteurs de contamination et les mesures de prévention. Ils ont rassuré que l'Algérie est pour le moment épargnée par ce virus mortel. La consommation de la volaille n'est pour autant pas contre-indiquée. Dr Hacini, consultant de la FAO et de l'OMS, a expliqué que le virus H5N1 ne se transmet pas par voie digestive et rassure que le risque est insignifiant. « La consommation du poulet ou de la dinde ne présente en Algérie aucun risque de contamination puisque la volaille n'est pas infectée », a-t-il déclaré. Concernant les zones touchées, Dr Hacini a rappelé que l'OMS et la FAO recommandent la cuisson de ces viandes blanches à une température allant de 60°C à 70°C. « Aucun virus actif ne peut survire à cette température », a-t-il précisé. La consommation d'œufs ne présente pas aussi, d'après lui, de risque. Il a indiqué qu'ils ne doivent pas être consommés crus ou partiellement crus dans le cas où la volaille serait touchée par le virus H5N1, selon les dernières recommandations. Il a signalé que la production avicole en Algérie est 120 000 000 poulets et 5 000 000 de dindes. Il a annoncé que 100 000 familles vivent de l'élevage. Depuis l'apparition de cette pré-pandémie, les éleveurs ont enregistré d'énormes pertes, estimées, selon Dr Hacini, à 1 milliard de dollars. Alors que l'Algérie n'est pas touchée à ce jour par cette maladie des volailles, il demeure important de rester vigilant, ont recommandé les différents intervenants. « Le risque zéro n'existe pas », ont-il signalé. Après avoir rappelé les épidémies de grippe qui avaient ravagé des populations dans les siècles derniers, Pr Belabes de l'IPA a indiqué qu'on ne peut pas parler aujourd'hui de pandémie de grippe tant qu'une nouvelle forme de virus adaptable à l'homme n'est pas détectée. « S'il arrive que cette forme fasse son apparition, l'Algérie ne sera pas épargnée », a-t-il déclaré et d'ajouter : « On ignore encore quand cette pandémie aura lieu. » Pr Belabes a signalé qu'aucun pays au monde n'est préparé contre cette maladie et même les stocks d'antiviraux ne viendraient pas au bout de ce virus. « Seul un vaccin peut lutter contre le H5N1. Pour pouvoir le mettre au point, il faut au moins six mois après l'apparition de l'épidémie pour connaître la forme du virus muté », a-t-il ajouté. De son côté, Dr Bougdour, directeur des services vétérinaires au ministère de l'Agriculture, a retracé la carte du périple des oiseaux migrateurs après avoir rappelé les dispositions prises par ce département ministériel. « Durant le mois d'octobre 2005, 900 prélèvements ont été effectués sur des oiseaux sauvages et les résultats sont négatifs », a-t-il précisé. Dr Bougdour a rassuré que l'Algérie n'a enregistré aucun cas de grippe aviaire, mais le risque zéro n'existe pas. « Le mois de mars prochain marqué par le retour des oiseaux est à craindre. Leur passage par la Tunisie et le Maroc pourrait éventuellement atteindre l'Algérie », a-t-il déclaré. Par ailleurs, d'autres communications ont été présentées telles que le diagnostic de l'influenza aviaire sur le terrain, le diagnostic de la grippe humaine au laboratoire.