Près de 2000 marcheurs ont répondu, hier, à l'appel du Comité national des étudiants démocrates amazighs (Cneda) et du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK), pour participer à la manifestation commémorative du 32e anniversaire du Printemps berbère, dans la ville de Tizi Ouzou. Les deux marches, qui se sont ébranlées de l'université Mouloud Mammeri, vers 11h, ont emprunté, séparément, le même itinéraire, avant d'aboutir à la place Laâmari Meziane (ancienne mairie), au centre-ville. C'est une marche pour l'amazighité, l'événement est le même. La conjecture a voulu qu'on s'entende sur, au moins, un point : le boycott des élections législatives du 10 mai prochain auquel nous avons appelé», dit d'emblée un organisateur du Cneda. Les étudiants ont été rejoints par le nouveau président du RCD, Mohcine Belabbas, ainsi qu'un nombre de députés de ce parti, dont Mme Lila Hadj Arab, Boudiaf, le sénateur Ikherbane et d'anciens cadres du RCD, à l'image de Lounaouci, Boudarène. Etaient présents aussi le président de l'Assemblée populaires de wilaya, Mahfoud Belabbas, son premier vice-président Hadibi et des élus locaux. Le Cneda – représenté par les étudiants des universités de 8 wilayas, dont Béjaïa, Alger, Bouira, Boumerdès, Batna et Sétif qui aspirent à une «Algérie démocratique et sociale» – revendiqué, par ailleurs, l'officialisation de tamazight et «une identité nationale qui repose sur l'amazighité, l'arabité, la francophonie et l'islamité». Les étudiants ont appelé, à cette occasion, «à la réhabiliter la toponymie et les prénoms amazighs». Arrivé devant la 1re sûreté urbaine, au centre-ville, des étudiants du Cneda et des militants du RCD ont brûlé des cartes de vote et des exemplaires de journaux de la presse arabophone. Des manifestants déclarent : «Alors que nos voisins, particulièrement, dans cette région nord-africaine, se lancent dans la construction démocratique et intègrent la dimension amazighe dans la définition de l'identité de l'Afrique du Nord, les dirigeants algériens restent réfractaires à toute idée de changement.» Et d'ajouter : «Le régime algérien a réussi l'échec dans un pays promis à toutes les espérances et destiné pour être un exemple dans le monde en matière d'ouverture et d'acceptation de l'autre et de démocratie.» Fidèles à tous les rendez-vous impliquant la question identitaire, les militants du MAK, qui ont pris la tête de la manifestation, sont arrivés au niveau du rond-point faisant face à la place de l'ancienne mairie en scandant des slogans hostiles au pouvoir. Une prise de parole a été organisée, mettant en scène Bouaziz Aït Chebib, le président du mouvement de Ferhat M'henni. «A l'occasion du 20 Avril, nous appelons tous les Kabyles à ne pas participer aux législatives prochaines, mais aussi à toutes les élections qui sont organisées par ce pouvoir infâme», a-t-il lancé dans un mégaphone face à plusieurs centaines d'autonomistes qui répliquaient par des slogans en faveur de l'autonomie de la Kabylie. A noter que de simples citoyens ont pu rejoindre les deux marches par solidarité.