Le chef de l'Etat a prononcé, jeudi, un discours où il a dressé un bilan de son activité depuis 1999. L'économie a pris la part du lion dans son développement de la situation actuelle. La circonstance l'autorise fort bien puisqu'il s'agit pour lui de faire date en ce jour de commémoration du 50e anniversaire de l'UGTA. Attendu sur la question des salaires, dont le sujet a dominé ces derniers mois l'actualité nationale, son intervention ce week-end a au moins le mérite d'avoir montré les choix « stratégiques » qu'il s'est fixés. Bouteflika vient, en effet, de légitimer, devant l'opinion nationale, l'argumentation économique - traditionnellement très chère du reste à son chef du gouvernement Ouyahia - pour conclure à la difficulté, pour ne pas dire impossibilité, de toute augmentation des revenus salariés. Son arbitrage reste certes quelque peu nuancé étant donné qu'il invite les partenaires sociaux du gouvernement à se concerter autour de cette question au sein de la tripartite, seul cadre possible pour tout dialogue social. Mais force est d'admettre que le chef de l'Etat s'est conduit tel le chef de l'Exécutif, lui-même, qui aurait voulu faire entendre la voix de la raison économique plutôt que celle du marasme social qu'il paraît urgent de prendre en charge. Ainsi, la population des salariés algériens est invitée à abandonner, a priori, ses revendications au nom des préoccupations du gouvernement quant au maintien du cadre macroéconomique. Autrement dit, cette catégorie de travailleurs continuera, seule, à payer le coût social des réformes. Bien plus encore, elle devra - et c'est déjà le cas depuis nombre d'années maintenant - supporter aussi les retards de l'Exécutif dans la conduite de ces réformes puisque, ainsi que l'a reconnu le chef de l'Etat lui-même, la croissance reste toujours le fait du secteur des hydrocarbures. A ce titre, il importe de souligner que le bilan des réformes reste frappé de minceur.