- Quelle lecture faites-vous des résultats préliminaires des élections législatives du 10 mai ? Les résultats de ces élections sont une offense au peuple algérien. Il semble que le régime veut retarder l'arrivée du Printemps arabe en créant un climat de violence. Les résultats du scrutin du 10 mai traduisent les plans tracés par le régime, dont les tenants veulent faire croire que l'Algérie est une exception et qu'elle n'est nullement concernée par les luttes pour la dignité et les libertés. En deux mots, ils veulent véhiculer l'idée de «l'exception algérienne». Les réformes politiques ont été mises en place pour bloquer le vent de révolte né en Tunisie, en Egypte, en Libye et au Yémen. Le régime algérien est un pouvoir dictateur qui ne diffère pas des autres tyrannies arabes. Nous assistons donc, suite à ces élections, à la reconduite des appareils du régime. Cette méthode a pour le moins réussi, avec le concours de pays occidentaux. Le pouvoir algérien a transmis un message aux Américains et aux Européens, leur promettant qu'il est le seul à pouvoir garantir leurs intérêts dans la région. - Des formations politiques dénoncent des cas de fraude, à l'instar de l'Alliance de l'Algérie verte et du Parti des travailleurs… Les partis politiques qui se sont engagés dans ces élections doivent assumer ces résultats. Ils savaient très bien que le régime allait frauder. Mais le plus important, c'est que le pouvoir avait peur de l'abstention. Il a inventé plusieurs prétextes, comme le retour aux années du terrorisme et/ou l'intervention de l'OTAN. Son seul objectif : amener le citoyen à voter coûte que coûte. Je pense que le taux réel de participation n'a pas dépassé les 30%. La fraude a eu lieu au cours de ces élections, c'est certain. L'administration a utilisé tous les moyens pour gonfler les chiffres. - Quelle en serait la preuve ? La fraude est partie intégrante de la nature du régime algérien. Dans un pays démocratique, l'organisation des élections n'est pas seulement entre les mains d'une seule institution. La fraude, en Algérie, est organisée intelligemment, pour que personne ne détecte les anomalies. Nous avons constaté que des fichiers électoraux communaux contiennent les noms de personnes décédées et plusieurs centenaires. En outre, les corps constitués ont reçu l'injonction de voter pour un seul parti, le FLN. Mais au final, j'insiste sur le taux officiel d'abstention qui est tout de même révélateur ; avec 57%, les Algériens transmettent un message. Ils refusent le régime et veulent un changement.