comment la nommer ? Comment la décrire ? Elle a la taille mince et le cœur fragile. Elle s'apparente au temps bref, à l'instant magique. Au feu de la passion née d'un seul regard. Elle ne rappelle ni la mer ni le désert, car elle n'aime pas étaler ses beautés. Serait-il excessif de la comparer au printemps ? A un pétale où déjà se tisse une histoire ? Elle n'évoque ni les récifs ni les flots. Comme la nuit, elle avance à petits pas bleus. Elle parle peu, mais elle dit beaucoup. Elle traduit le fil du rasoir, traque la moindre pensée (passé, présent ou celle annonciatrice de notre devenir). Elle matérialise l'indicible, elle évite les présentations, ignore les digressions. Elle ouvre une parenthèse, épingle le réel et aussitôt la referme. Pourquoi donc cette hâte, cet empressement ? La réponse est simple. De deux mots, elle choisit le plus fort, celui qui résume la situation. Assemblés, ses mots emplissent à peine le creux d'une main ; mais voici le miracle : de leur alignement surgit l'émerveillement. C'est un épi serti de grains gonflés, cristaux ou grenade déchiquetée par la lumière ardente du matin. Elle entre vite en matière, balise la dramaturgie, cerne deux ou trois personnages, les met en scène, en conflit et conclut. Sa chute est vertigineuse. C'est une cascade rapide, brutale, significative, saisissante. C'est alors une estampe. Un art du raccourci. Elle est le témoin de récits grivois, classiques, fantastiques. Elle ne tourne pas autour du pot. Elle va droit à l'essentiel, désigne le héros, la victime. Instantanément. C'est donc une photographie. Des miettes d'instants arrachées à la vie, esquissées d'un coup de crayon, d'un trait de plume. Elle croque le genre humain, extrait son suc et son venin, sa grandeur et sa lâcheté, ses misères et ses richesses, son pouvoir et sa servitude, ses amours et sa détresse, son humilité et sa fierté. Certes elle n'a pas la majesté fiévreuse du roman, ce fleuve au long cours. Elle n'est somme toute, selon certains, qu'un appât, une illusion, un fond de tiroir d'« un chapitre oublié », voire un mirage littéraire. Bref, elle ne mérite qu'un regard : le dédain. Mais sa brièveté, « son étroitesse » n'empêchent la description d'une tempête, l'évocation de nuages qui s'amoncellent. Elle demeure une source intarissable pour les cinéastes en quête d'un texte solide dès lors qu'elle est célébrée, entretenue par les plus grands : Poe (adapté par Fellini, Vadim), Buzzati et une kyrielle de cinéastes italiens, Sade et Pasoloni, Marquez et les réalisateurs latino-américains, Mahfoud, Idriss et les « Orientaux », Dostoïevski et Visconti, Maupassant, pourvoyeur de la télévision française, sans oublier les shorts stories américaines. Bref, tous les continents regorgent de nouvelles. N'est-ce pas le démenti le plus cinglant à ses détracteurs ? Ajoutons, pour être précis, Noua de A.Tolbi, court texte écrit par Tahar Ouettar.