Vendredi soir au Théâtre régional de Constantine, le saxophoniste italien de renom Stefano Di Battista, qui visite l'Algérie pour la première fois, était en totale fusion avec le public du 10e Festival international du jazz, Dimajazz. Constantine. De notre envoyé spécial Avec un esprit hard bop, un courant qui se veut un back to roots au jazz, il a interprété des titres choisis de son dernier album, Woman's land (la terre des femmes). Hommage est ainsi rendu à, entre autres, la styliste française Coco Chanel, la chanteuse américaine Ella Fitzgerald, la cosmonaute russe Valentina Terechkova (première femme à partir dans l'espace en 1963) et à l'actrice Italienne Anna Magnani (connue par ses rôles dans Mama Roma, de Pier Paolo Pasolini et Le secret de Santa Vittoria, de Stanley Kramer). «J'ai voulu rendre hommage à des femmes qui ont marqué l'histoire. J'ai écrit des mélodies et essayé de jouer librement pour ne pas m'ennuyer. Depuis plus de trois ans, je suis devenu papa. Ma fille m'a inconsciemment conduit à m'intéresser plus au monde féminin, comprendre plus les femmes même si ne j'y arrive pas encore ! Dans le morceau sur Coco Chanel, il y a aussi un tribute à Sidney Bechet», nous a expliqué Stefano Di Battista après le concert. Le projet de Woman's land est le fruit d'une concertation entre l'artiste et son ami Gino Castaldo, journaliste au quotidien La Republica. «Je veux continuer dans cet esprit d'ouverture et de partage», a promis le musicien-compositeur. Stefano Di Battista, 43 ans, a déjà produit huit albums, dont A prima vista en 1998 et Parker's mood en 2004. A travers ce dernier opus, le saxophoniste italien a voulu rappeler l'apport d'un grand nom de la scène Jazz Be bop, l'Américain Charlie Parker, disparu en 1955. Sur scène à Constantine, le musicien italien n'hésitait pas à jouer avec le saxo dirigé vers le bas. Un secret ? «Parfois, je n'ai pas la note, donc je baisse l'instrument pour avoir le sol», a-t-il expliqué. La musique de Stefano Di Battista est toute en douceur, gorgée de senteurs méditerranéennes. Il n'a eu aucune crainte à demander au public de «participer» à son jeu en reproduisant vocalement la mélodie. Pari réussi. «J'étais ravi de voir face à moi un public jeune de 19 ou 20 ans. Je souhaite avoir l'occasion de retourner en Algérie», a-t-il confié. Le jazz italien s'est, d'après lui, bien adapté à la nouvelle scène européenne sans s'éloigner réellement de l'influence américaine. Le jazz oriental n'y trouve toujours pas place. Dommage.