Depuis l'instauration du professionnalisme en Algérie, il y a de cela deux années déjà, il semblerait que nos instances dirigeantes du football aient relégué le football amateur au second plan, pour ne pas dire qu'elles l'ont méprisé. En effet, du système de compétition incohérent chez les seniors, au catastrophique chez les jeunes, en passant par les affaires scabreuses qui alimentent la gestion des ligues, le passe-droit, le favoritisme, le plus souvent les clubs champions et relégables sont connus dès l'entame du championnat, une règlementation mal assise perpétuée par des amendements fréquents et sans relief, des décisions le plus fréquemment en violation de la règlementation par les ligues, a fini par traumatiser les clubs sportifs amateurs qui vivent au fil des saisons un vrai marasme. Cet environnement insoutenable n'a pas laissé insensibles les responsables des clubs amateurs, à l'image de ce président d'un club qui évolue en DNA : «Je pense qu'il y a mauvaise gestion des affaires du football amateur, les clubs n'ont pas le droit à la parole, et les ligues font ce que bon leur semble, nous vivons l'ère de la dictature. Tenez, qui a pris la décision de ramener le groupe Centre à 15 clubs ? Les seniors affronteront les jeunes de moins de 20 ans (U20) allons-nous assister à des matches amicaux ? C'est la cacophonie. La compétition dans les divisions amateurs n'a plus aucun intérêt. C'est une entorse à la réglementation, il s'agit, en fait, à travers cette décision, d'un changement du système de compétition qui reste du ressort exclusif de l'AG de la FAF.» Ou encore ce président d'un club qui évolue en division honneur de la wilaya d'Alger qui soulève un autre problème : «Je me demande pourquoi un seul club accède en division régionale II et encore après les matches du play off ? Et pourtant, le nombre de clubs à Alger est largement supérieur à celui des autres wilayas. Est-ce là un système de compétition, où sont les promesses des responsables de la ligue de voir changer ce système?» Autant de questions qui taraudent esprit des responsables des clubs amateurs. Dès lors, les présidents des ligues sont-ils vraiment représentatifs des clubs ? Combien de doléances ont été formulées lors des assemblées générales ordinaires (de la wilaya à la DNA) sans qu'aucune suite ne leur soit réservée de la part des responsables de notre football, il est vrai que leurs préoccupations sont ailleurs que dans le souci de vouloir effectivement prendre en charge le football amateur dans toute sa dimension. Aujourd'hui, convaincus sans doute qu'ils sont vraiment méprisés, les clubs sportifs amateurs, si l'on en croit certains échos, ont déjà songé à s'organiser pour mener des actions plus efficaces et concrètes. A l'instar des autres corporations du football, les présidents des clubs amateurs comptent mettre sur pied incessamment une association qui sera dirigée par des responsables de club très rompus à la chose footballistique, crédibles et désintéressés. C'est d'ailleurs cette même voie qui a été suivie par les joueurs amateurs, dont l'association, apprend-on, verra le jour dans un proche avenir, c'est dire que le vent de la contestation dans le monde du football amateur commence à souffler. C'est là une logique inévitable tant que l'arbitraire, l'injustice, l'incompétence continuent de caractériser la gestion du football amateur, rendant le ciel des clubs amateurs couvert de nuages au fil des années. Ces nuages ne se dissiperont qu'à la faveur d'une organisation solide des responsables de clubs amateurs, à même de mieux défendre leurs intérêts et faire face à ces dictateurs qui ont pris les rênes de notre football. On ne peut être mieux servi que par soi-même et que le vent emporte.