Sur les 60 milliards de dinars, 26 proviendraient de «financements extérieurs». La création de nouvelles lignes est envisagée. 45 milliards de dinars seront consacrés à l'achat de 3 avions neufs et à la rénovation de 3 appareils de type Boeing 767. Air Algérie prévoit la création sous peu un hub à l'aéroport d'Alger pour se lancer dans le trafic de transit. Le gouvernement ne cesse de délier les cordons pour renflouer les caisses d'une entreprise budgétivore. Encore une fois, Air Algérie investira de 60 milliards de dinars au titre d'un «plan quinquennal de développement». L'annonce a été faite hier par Mohamed Salah Boultif, PDG de la compagnie. Objectif ? Restructurer la compagnie en groupe et améliorer ses parts de marché, particulièrement sur le réseau international, en constante érosion. D'après lui, ce plan – dont 26 milliards proviendront de financements externes et le reste de fonds propres – consacre 45 milliards de dinars de son budget global à l'achat de trois avions d'une capacité de 150 places chacun et de deux avions-cargos pour le transport de marchandises, ainsi que le renouvellement de trois appareils de type Boeing 767, actuellement en activité. Outre la création de nouvelles lignes vers l'Asie, Air Algérie compte poursuivre le développement de la fonction maintenance des avions et le renforcement des compétences des personnels par la mise en place d'un centre spécialisé. La compagnie publique prévoit de mettre sur pied un système d'informations global. En direction des clients, la compagnie espère enfin améliorer la qualité écornée de la communication. A terme, Air Algérie ambitionne d'atteindre un coefficient de remplissage moyen de 75% en été et de 62% en hiver, ainsi qu'une évolution de ses parts de marché sur le réseau international de 50% en 2012 et de 54% en 2015. La compagnie espère aussi réaliser une croissance du trafic de la compagnie de plus 8% sur l'international et 6% sur le réseau domestique, une hausse du chiffre d'affaires de 8% par an et, enfin, un taux de ponctualité minimale de 70% en 2012. Pour ce faire, Air Algérie prévoit de créer sous peu à l'aéroport d'Alger un hub pour se lancer dans le trafic de transit. Et afin de moderniser son réseau international, elle envisage par ailleurs d'adhérer à l'une des trois grandes alliances aériennes dans le monde : Sky Team, One World et Star Alliance. Il faut rappeler que la compagnie n'en est pas à son premier plan de sauvetage. En 2009, le transporteur national, sous la houlette de l'ancien PDG Wahid Bouabdellah, avait bénéficié de 100 milliards de dinars (l'équivalent d'un milliard d'euros) pour le renouvellement de la flotte. Et malgré le soutien actif de l'Etat, Air Algérie semble toujours naviguer à vue, elle qui traverse périodiquement des zones de turbulences. Outre la mauvaise gestion mâtinée d'interférences politico-bureaucratiques, la compagnie nationale est souvent épinglée pour la mauvaise qualité des services et les défaillances techniques. C'est ainsi que la cherté des billets, les vols annulés ou retardés sont autant de goulots d'étranglement. Elle est aussi devenue, ces dernières années, le théâtre de conflits sociaux et de luttes syndicales. La grève du personnel naviguant de l'été dernier, qui avait cloué au sol les avions de la compagnie, avait coûté à Wahid Bouabdellah son poste à la tête de l'entreprise. Les images pathétiques de ces milliers de voyageurs abandonnés dans les aéroports en Europe restent dans les mémoires comme une suprême humiliation. Autre boulet : la pléthore des effectifs, pour beaucoup des «pistonnés», n'arrange pas une situation déjà peu glorieuse. A l'international, la compagnie avait échappé de peu, en 2010, à la liste noire européenne. L'inscription sur liste noire lui aurait signifié l'arrêt des vols en Europe, représentant les trois quarts de l'activité de la flotte nationale algérienne. Autre difficulté : l'érosion de ses parts de marché par la forte concurrence et le retour des compagnies étrangères sur les réseaux extérieurs (France, Italie, Turquie, Arabie Saoudite...). «Sur le réseau France, le marché global a augmenté de 12%, mais il a bénéficié beaucoup plus aux compagnies étrangères. Sur le réseau Arabie Saoudite, Air Algérie transportait les deux tiers des pèlerins, actuellement, en vertu de l'accord aérien signé entre les deux Etats, on ne transporte que 50%», reconnaissait en janvier dernier M. Boultif. De plus en plus décriée par ses clients, la compagnie arrive à peine à contenir la montée en puissance d'Aigle Azur et Air France.