A l'approche du mois sacré, c'est le grand déballage chez la ménagère. Le 8e mois lunaire, Chaâbane, est consacré, en effet, aux menues tâches de réparation, de badigeonnage, de réfection et d'embellissement, auxquelles s'affairent nombre d'Algérois pour accueillir Sidna ramadhan dans la bonne humeur et dans un esprit de piété. Mais est-il aisé de dénicher – sans faire le parcours du combattant – quelque artisan orfèvre qui fait partie de ce qu'on appelle la corporation des petits métiers ? A croire que cette profession noble ne court plus les rues, comme autrefois où la main experte et la disponibilité étaient prouvées. Les échoppes artisanales qui essaimaient jadis, les ‘‘houmate'' ont cédé le pas, sommes-nous tenus de dire, à des activités plus juteuses et moins contraignantes. Celles qui collent à l'air du temps du chawarma et des mhadjeb. Qui de nous n'a pas eu affaire, un jour, à un électricien, un matelassier, un ouvrier plâtrier, un plombier, un réparateur de réfrigérateurs, un menuisier ou un serrurier ? Ma voisine de palier en a marre de tourner en rond. Elle éprouve les pires difficultés à faire appel au plombier du coin qui, autrefois, volait à son secours. Elle a du mal à ‘‘mettre la main'' sur un ouvrier peintre pour relooker l'intérieur de sa demeure. Elle peine à s'attacher les services d'un électricien bâtiment libre pour lui refaire l'installation qui vient de péter. Elle supplie le menuisier de se déplacer pour lui aménager un placard à double battant dans le vestibule de son appartement. Elle attend toujours le serrurier qui trouve un malin plaisir à lui faire faire le pied de grue. Elle râle pour trouver un spécialiste en étanchéité qui, après lui avoir soutiré une avance, prend la clé des champs pour… sans retour. Elle prend son mal en patience devant le plâtrier qui la tourne en bourrique avant de daigner, non sans nonchalance, à colmater quelques mètres carrés des murs des sanitaires. Elle sollicite le savoir-faire du technicien en froid qui remet aux calendes grecques le rendez-vous, sans tenir compte de la panne du congélateur qui suinte. Elle prie le jeune matelassier du coin qui refuse de grimper plus de trois étages arguant qu'il a le vertige. Quant au maçon auprès de qui elle insiste depuis un mois pour lui réparer le siphon de son cabinet d'aisance, elle peut s'accrocher quelques gamelles, car il a pris la tangente non sans siphonner son portefeuille. Le finaud a bien pris soin quand même de prendre et les arrhes et… lâar.