Un accord a été conclu récemment par les treize compagnies d'assurances portant sur le plafonnement des remises pratiquées sur l'offre tous risques automobile. A défaut d'une augmentation de la tarification, les compagnies d'assurances, publiques et privées, qui ont exposé auprès de l'autorité de régulation leurs desiderata de voir le barème des prix revu à la hausse, ont été réorientées vers l'option de plafonner les remises faites sur l'assurance tous risques automobile. C'est ainsi que Lamara Latrous, porte-voix des assureurs, nous a expliqué l'accord conclu récemment par les treize compagnies d'assurances portant sur le plafonnement des remises pratiquées sur l'offre tous risques automobile. L'accord en question fixe à 50% les abattements sur l'assurance tous risques automobile au profit des entreprises et à 30% les remises en direction des particuliers. «Nous avons demandé à l'autorité de régulation que soit augmentée la tarification appliquée sur l'assurance automobile obligatoire pour pouvoir atteindre l'équilibre technique. C'est-à-dire que nous sommes perdants dans cette offre, car nous dépensons plus que ce que nous encaissons», nous explique Lamara Latrous, président de l'Union des assureurs et réassureurs (UAR). En d'autres termes, les assureurs algériens remboursent aujourd'hui 3 à 5 DA pour chaque dinar encaissé. Suite à quoi, l'autorité de régulation, qui se refuse à toute idée de revoir à la hausse la tarification, a suggéré aux assureurs de jouer les cartes de rationnement des remises plutôt que de renouveler la sempiternelle réclamation liée à la hausse de la tarification. Faute de pouvoir compenser les pertes par le recours aux autres primes, les assureurs, dont la trésorerie dépend en grande partie des performances de l'assurance automobile, ont ainsi opté pour le plafonnement des remises, une décision acquiescée par le ministère des Finances le 4 juillet et qui devrait entrer en vigueur dès la prochaine entrée sociale. Les modalités d'application sont encore en cuisine. C'est pourquoi une mise en application immédiate serait parfaitement inappropriée. «Il est vrai que la loi sur la concurrence interdit de vendre à perte, mais il n'est plus question, voire possible, de faire des remises indues», dira le président de l'UAR, PDG aussi de la Société algérienne des assurances (SAA). S'il est vrai que cet accord conclu entre les différentes compagnies vient mettre fin à ce qu'ils appellent «les remises indues», les assureurs recherchent, par la même, à préserver une trésorerie très vulnérable à une contre-performance de la branche automobile. Le chiffre d'affaires du secteur des assurances a augmenté de 6,9% à 87,3 milliards de dinars en 2011, tiré en grande partie des performances de la branche automobile. Celle-ci, qui génère plus de la moitié de la production du secteur, a progressé de 9,5% en 2011 à 43,4 milliards de dinars. La dépendance de certaines autres compagnies des performances de l'assurance automobile est plus grave avec, sur le tableau de bord, une part allant parfois jusqu'à 75% dans le portefeuille. Les tentatives du législateur de remédier à cette disparité en imposant aux compagnies la filialisation de l'assurance de personnes ont buté sur une trésorerie peu solide des compagnies. «Des compagnies n'ont pas les moyens de s'investir dans cette filialisation faute de disposer du capital requis pour cette opération», nous explique M. Latrous. Notre interlocuteur espère voir désormais la concurrence se jouer sur le terrain des services plutôt que sur celui des prix une fois que le protocole d'accord sur le plafonnement des remises mis en application. En réponse à une question qui évoquait les retards de remboursement dont souffrent souvent les automobilistes, Lamara Latrous impute cette tare en partie au nombre de sinistres traités par les compagnies. Il estime, cependant, qu'une prise de conscience se cristallise au niveau des assureurs à même de remédier à cette carence.