Des taxis clandestins longent les pourtours sud de la gare routière du centre-ville de Médéa. Du point de vue ‘‘look'', nulle différence avec les taxis réglementaires. A la criée, ils appellent :«Blida ! Blida !», mais dès que vous vous en approchez, ils vous lâchent sec : «c'est 200 DA la place». Par mauvais temps, ou à l'occasion surtout d'une fête religieuse, la navette sur un parcours de 45 minutes peut aller du simple au double. La question que tous les usagers se posent est : où sont passés les taxis réglementaires ? «De 70 DA pour les taxis réglementaires à 200 DA dans le cas de ces clandestins réglementés, quand le déplacement devient une corvée au quotidien, la facture devient quand même très salée pour un fonctionnaire qui n'a que son salaire mensuel», déplore un fonctionnaire, qui affirme que la navette érode douloureusement son salaire. «Les taxis officiels, vous ne les trouvez que très tôt la matinée et en nombre très insuffisant. Sinon, à longueur de journée et même très tôt la matinée ou à la tombée de la nuit il n'y a que les clandestins qui rôdent comme des vautours autour d'une personne ou une famille pressée, surtout à la tombée de la nuit», confirme un père de famille en train de faire le pied de grue pour payer moins cher. Le secteur du transport souffre de longue date, dans cette vaste wilaya du Titteri, de dysfonctionnements très graves. Au-delà du fait que le nombre de taxis clandestins est dix fois plus important que celui des taxis réglementaires, il y a aussi le problème du manque de couverture des zones rurales. A partir du centre-ville de Médéa et à la tombée de la nuit, avant même le coucher du soleil, la desserte des différentes communes du Titteri devient très difficile. La gare routière est, à ces heures-là (cela dépendra de la saison 19h en été et 17h en hiver), presque déserte, hormis des clandestins qui peuvent vous faire payer une navette de dix kilomètres à 300 DA et, quand la nuit tombe, l'offre peut doubler pour la même distance. Vers Ouamri, Ouzera, Ouled Brahim ou encore Tizi El Mahdi, distantes respectivement de 15 km, 10 km, 20 km et 23 km, la course peut vous coûter jusqu'à 1000 DA par personne. En bus, cela ne dépasse pas les 40 DA. Cette situation pénalise, surtout en hiver, les personnes qui travaillent loin de chez eux et qui sont ainsi obligées de revenir un peu tard. «Même si à partir du centre-ville vous pouvez tomber miraculeusement sur le dernier bus sur le point de quitter la gare routière, vous êtes obligé de continuer à pied pour atteindre les bourgades isolées relevant de votre commune. La même course vous la faite très tôt la matinée pour revenir au centre-ville de votre commune et reprendre ainsi le bus», affirme un habitant des Béni Aïch (6 km d'Ouzera). N'oublions pas que durant les week-ends, il est toujours difficile de revenir à partir de Blida sur Médéa. Il faut avoir l'allure athlétique et l'agilité d'un acrobate pour accéder à un bus reliant les deux villes. Les débuts de semaine, c'est le contraire, où c'est plutôt au niveau de la gare routière de Médéa que les gens se bousculent et se piétinent sur fond de cris de femmes et d'enfants pour pouvoir dénicher une place… debout.