Le secrétaire général du Syndicat national des journalistes (SNJ), Rabah Abdellah, a démissionné de son poste le 12 mars. La déclaration de démission est parue hier dans deux quotidiens nationaux et n'a pas suscité de vagues. M. Abdellah a motivé sa démission par le fait qu'il se retrouve dans « l'impossibilité » de poursuivre sa mission au sein de l'instance exécutive du syndicat. Il s'abstient cependant de faire d'autres déclarations. Du moins pour le moment. Le mandat (le deuxième) de ce désormais ex-secrétaire général du SNJ a expiré fin 2005. Le bureau exécutif du syndicat a pris « acte » de cette démission et compte se réunir dans les plus brefs délais afin de désigner un porte-parole qui aura la charge d'organiser une réunion du conseil national. Ce dernier devrait installer le secrétaire général intérimaire auquel il reviendrait de convoquer le congrès. Cette échéance organique, qui devrait se tenir fin 2006 ou au plus tard début 2007, s'annonce d'ores et déjà cruciale pour l'avenir de ce syndicat, épinglé de partout pour mille et une raisons. La corporation trouve que le syndicat est resté inerte pendant que la précarité persiste dans le secteur : journalistes et assimilés non déclarés à la sécurité sociale, absence de statut pour le journaliste, absence de grilles de salaires garantissant une mensualité décente, absence de convention collective nationale... Aussi, le syndicat n'a pas réussi à mettre au profit de la corporation les différentes aides étrangères, notamment celle de l'Union européenne, dont le programme MEDA qui a fini entre les mains de l'administration. Aujourd'hui, la corporation a plus que jamais besoin d'un représentant fort, capable de la défendre et d'arracher ses droits. Mais faut-il imputer cet échec aux seuls représentants du syndicat ? La corporation a, sans doute, une part de responsabilité car elle est divisée et subit tous les courants politiques et idéologique. Comme disait Abraham Lincoln : « Une maison divisée entre elle-même ne peut pas se tenir debout. » Le syndicat, à lui seul, sans le soutien de sa base, ne pourra pas faire grand-chose, car il évolue dans un milieu hostile à toute organisation syndicale. Plusieurs tentatives de structuration en association, que ce soit au niveau des éditeurs de presse ou au sein des journalistes, ont brillé par leur échec. A partir de là, la « refondation » du syndicat pour qu'il soit en mesure de répondre aux aspirations de la corporation et obtenir son adhésion entière à toute action allant dans ce sens est plus que jamais nécessaire. Nécessaire parce que la profession est doublement menacée. D'abord, par le pouvoir qui mobilise son arsenal judiciaire pour mettre en prison journalistes et caricaturistes, usant des dispositions du code pénal tel qu'amendé en 2001. D'ailleurs, actuellement, trois journalistes sont en prison et une dizaine risque de les rejoindre à tout moment. Ensuite, par la précarité qui la frappe et l'anarchie dans laquelle elle patauge. Ainsi, le prochain congrès du SNJ devrait être un tournant décisif à même de faire de ce syndicat un véritable représentant de la corporation.