Nous avons été trahis par le wali délégué et ses sbires », avouent, dès notre arrivée, les habitants de la cité Diar El Kef, à Oued Koreich sur les hauteurs de Bab El Oued (Alger). Le conflit opposant le wali délégué de Bab El Oued à la population de l'ex-carrière Jobert prend des proportions alarmantes devant l'intransigeance des uns et des autres. « Nous sommes convaincus que le wali délégué voudrait mener la situation au pourrissement. Hier, il avait promis de ne pas nous déloger. Aujourd'hui, il agit, à contresens des engagements pris avec nous la veille », estiment les membres de la délégation qui s'étaient réunis avec le wali délégué pour une sortie honorable de la crise. « Le wali délégué a, dans un premier temps, utilisé tous les subterfuges possibles et imaginables pour nous inciter à accepter de rejoindre les chalets de Dergana et Bordj El Kiffan. Devant notre intransigeance, il a même tenté de nous amadouer, nous les membres de la délégation qui avons négocié avec lui, par des appartements si nous réussissons à convaincre nos concitoyens de rejoindre les chalets », dénonce un négociateur. « Nous ne mangeons pas de ce pain », conclut-il. Au bas de la cité Diar El Kef, la population est en ébullition. Les citoyens ont accusé le wali délégué et le maire d'avoir confectionné un scénario pour casser certains édifices. « Ils ont ramené des jeunes du quartier du maire pour briser les vitres des bâtisses de Triolet. Il a voulu nous faire endosser la facture aux yeux des autorités », ont-ils déclaré. Plusieurs citoyens ont dénoncé ces actes de vandalisme. « Si toutefois le wali délégué s'entête à nous déloger, de surcroît par la force, nous sommes prêts à engager le bras de fer », ont-ils menacé. Selon eux, les responsables assumeront les conséquences de cette situation. « Que l'opinion publique soit informée. Nous sommes des pacifistes, et nous disons non à la force par le bâton et à la hogra », ont insisté les protestataires. Les services de sécurité étaient déployés discrètement autour de la cité Diar El Kef. Certains parmi ces agents s'affairaient à réguler la circulation dense, puisque les automobilistes ont préféré mettre à l'abri leurs véhicules. D'autres agents de sécurité épiaient le moindre mouvement des protestataires. Dans l'air planait une certaine suspicion. « C'est ce soir que le wali délégué voudrait nous donner le coup de grâce. Qu'il se détrompe, nous sommes prêts à mourir pour défendre nos droits », a lancé une femme. Justement, les femmes sont, elles aussi, mobilisées pour affronter toute tentative de délogement par la force. « Nous ne quitterons nos demeures qu'en contrepartie de logements », ont promis des femmes. Partout au milieu des citoyens de Diar El Kef, le dégoût était visible. Rendez-vous est pris pour aujourd'hui. « Nous allons investir demain (ndlr : aujourd'hui) la rue en famille pour dénoncer la mafia de Bab El Oued. Nous sortirons pacifiquement certes, et que le wali délégué n'essaie pas d'agir autrement », ont averti les citoyens. Hier soir, les forces de l'ordre étaient intervenus pour disperser les protestataires.