Une conférence de presse autour du thème de la relation justice-justiciable a été organisée hier au siège du quotidien régional l'Index. La rencontre animée par Me Lanouar Mostefa, bâtonnier national, en présence de Me Boudjemaâ Ghechir, avocat et président de la ligue nationale des droits de l'homme, d'universitaires et de représentants de la police judiciaire, s'est articulée autour de deux axes principaux: l'indépendance de la justice et les droits des citoyens d'être bien représentés face à celle-ci. D'emblée Me Lanouar dira: «On ne peut dissocier la justice des droits de la défense. On a pu constater depuis quelques mois un vide juridique dû en partie à une certaine vacance des institutions de l'Etat. Espérons que la mise en place du nouveau gouvernement insufflera une dynamique nouvelle au secteur de la justice. Un secteur qui a besoin d'institutions fortes de l'Etat pour pouvoir exercer pleinement son rôle.» A une question d'un journaliste relative au conflit l'opposant au bâtonnier d'Alger, Me Sellini, Me Lanouar répondra qu'il n'existe en fait que des divergences de vues. Ces divergences auraient été, selon lui, aplanies par le dialogue et la concertation. Pour ce qui est des remous qui secouent actuellement l'Ordre des avocats de Constantine, qui s'est traduit récemment par un communiqué émis par certains avocats de la wilaya exigeant son départ, le conférencier s'inscrira en faux contre ce qu'il a qualifié d'allégations mensongères, accusant la presse d'avoir grossi l'affaire. Et d'ajouter: «Les avocats inscrits au barreau de Constantine sont au nombre de 3 000. Si parmi eux certains veulent mon départ, c'est leur droit mais ils sont minoritaires. J'ai été démocratiquement élu à la tête du bâtonnat national et je compte y rester jusqu'à la fin de mon mandat. » Dans son intervention, Me Boudjemâa Ghechir évoquera, pour sa part, le sujet épineux de la détention provisoire. Une mesure dont le recours par les magistrats est, selon ses propos exagéré. «Il est très difficile de changer la mentalité de certains juges qui usent et abusent de cette mesure même si nous, en tant qu'avocats, nous tentons d'en limiter le recours», dira-t-il en substance. La justice, est, selon lui, loin d'avoir acquis son indépendance; le pouvoir exécutif interfère de manière quasi systématique dans ses prérogatives. «Nous sommes en présence d'une justice de l'ordre public. C'est pour cela que nous retrouvons autant d'innocents en prison», a-t-il précisé. Pour conclure, il dira qu'une réforme profonde de la justice est nécessaire.»