Abderzak El Para ne sera pas extradé vers l'Allemagne, car l'Algérie n'extrade jamais ses nationaux à la justice d'autres pays. Pour ce qui est de sa libération, j'avoue que je ne connais pas bien son dossier. Mais je peux dire que s'il ne répond pas aux dispositions de la charte, il ne sera pas libéré, mais dans le cas contraire... », a indiqué hier, Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH, officielle), lors de son passage au forum du quotidien El Moudjahid. Il a précisé : « Tous les Algériens concernés par les textes d'application de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, où qu'ils se trouvent, bénéficient de ses mesures dans les limites de la loi. » Il ne comprend pas la demande insistante des Allemands à vouloir récupérer El Para alors que ce sont eux qui ont payé la rançon pour sa libération. « Les Allemands sont mal venus aujourd'hui pour contester cet état de fait », dira M. Ksentini. L'avocat estime que l'exigence des autorités britanniques de déléguer des juges en Algérie pour assister à des procès ou accompagner des terroristes est irrecevable du fait que cette question relève de la souveraineté nationale. « Nous n'avons rien à cacher. Nous rassurons les Britanniques que des dispositions du code pénal répriment la torture », a déclaré l'orateur. Abordant le sujet relatif à la libération du numéro deux de l'ex-FIS, M. Ksentini trouve cette démarche tout à fait normale puisque Ali Benhadj, de son avis, a été inculpé pour apologie du terrorisme et dans ce cas-là, il bénéficie des dispositions de la charte. Néanmoins, le problème qui se pose et, selon lui, délicat est de savoir si une déclaration faite par cette personne n'est pas assimilée à un acte politique. « Il est interdit à Ali Benhadj de faire de la politique, mais la charte n'est pas explicite sur ce point. Ali Benhadj et les autres dirigeants de l'ex-FIS ont-ils ou pas le droit de faire des déclarations ? », s'est-il interrogé rappelant que la loi garantit la liberté d'expression. « Il faut, dans ce cadre, lancer un débat et tenter de trouver les moyens pour permettre à ces personnes de s'exprimer sans qu'elles ne tombent sous le coup de la loi », a insisté M. Ksentini. Le président de la CNCPPDH est persuadé que la réconciliation nationale est la seule alternative pour un retour à la stabilité et à la paix en Algérie. Pour lui, la réconciliation n'est ni une politique, ni une marchandise, mais plutôt un droit que le peuple algérien s'est approprié pour asseoir la paix dans le pays. Cependant, l'orateur respecte le point de vue de ceux qui sont contre le projet de la charte. Dans ce sillage, il dira que les victimes du terrorisme ont toute la latitude de revendiquer leur droit. Toutefois, M. Ksentini déplore l'utilisation de la violence pour manifester leur mécontentement. « Je ne désapprouve pas la manifestation des victimes du terrorisme. Leur démarche est tout à fait légitime. Mais je pense qu'un dialogue s'impose afin d'éviter les dérapages », explique-t-il en faisant allusion aux familles des personnes disparues et que l'Algérie avait choisi de renoncer à la vérité judiciaire au profit de la vérité morale et du pardon et quant à ce dossier l'Etat algérien n'a pas les moyens d'organiser des milliers de procès en assises pour juger les coupables.