Le cas de l'ancien parachutiste déserteur, rayé des rangs de l'ANP en 1991, chef présumé du GSPC du Sud, Amari Saïfi dit Abderezak El Para, livré aux autorités algériennes par la Libye en octobre 2004, semble poser un défi procédurial face aux dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. On se souvient de l'enlèvement des touristes en 2003, de la cavale à travers le Sud et le Mali, du décès de Michaela Spitzer, une des touristes allemandes qui n'a pu supporter la chaleur et la marche, l'épisode de la libération des otages par l'ANP et la rançon qui aurait été payée par le gouvernement allemand aux preneurs d'otages. La justice allemande, qui a instruit l'affaire de l'enlèvement, a lancé un mandat d'arrêt international visant El Para. Une source judiciaire à Alger a démenti qu'El Para puisse bénéficier d'un élargissement. « Il est aussi impliqué dans des attentats à l'explosif contre des patrouilles, l'assassinat des parachutistes au sud de Batna, entre autres. Tout au plus, il s'agira, peut-être, d'une commutation de peine », rappelle cette source. Nourredine Zerhouni, le ministre de l'Intérieur, répétait encore hier sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale que le cas de Amari Saïfi reste « délicat », autant que le cas Lembarek Boumaârafi, reconnu par la justice comme l'assassin du président Mohamed Boudiaf en 1992. A rappeler que Amari Saïfi n'a pas été présent à ses deux procès : l'un à Alger en avril 2005 et l'autre à Biskra un mois plus tard. Les deux procès ont été reportés avant qu'El Para ne soit condamné par contumace par la cour criminelle d'Alger à perpétuité pour « constitution de groupe armé ayant semé la terreur parmi la population ». Une première : car Abderezak El Para était alors officiellement aux mains de la justice algérienne tout en se faisant condamner par défaut. L'affaire El Para ressemble à la métaphore des poupée russes. Car comment garantir que les dispositions de la charte ne contredisent pas la juridiction internationale. Autre biais : comment faire bénéficier à un chef présumé du GSPC les dispositions d'une charte qui aurait été rejetée par cette organisation ? Le 9 mars dernier, un ancien dirigeant du GSPC a été tué par un groupe armé à El Oued, à 900 km au sud-est d'Alger. Il s'agit de Abdelkrim Kadouri, qui aurait été l'un des ex-lieutenants de Abderezak El Para. Selon Liberté, Abdelkrim Kaddouri a été tué par « ses anciens acolytes » du GSPC qui lui auraient reproché d'avoir aidé les forces de sécurité à « convaincre » les islamistes armés encore en activité dans la région est de l'Algérie de se rendre dans le cadre de la charte. Il faudra également expliquer aux « alliés » américains d'Alger ces gestes de souplesse envers un élément important d'une organisation qui se dit liée d'allégeance avec la nébuleuse Al Qaïda, ennemi numéro 1 de Washington. Difficile jeu d'équilibre.