Que peut-on retenir de bien original du «plan» de travail que le Premier ministre Sellal vient de décliner à l'Assemblée ? Hélas pas grand-chose. Au regard des lancinantes attentes du peuple, mais surtout de l'effet d'annonce d'un nouvel Exécutif présenté comme un redresseur de toutes les tares et de tous les torts collés à son prédécesseur, on est restés plutôt sur notre faim. Si on pouvait intituler le plan de Sellal, on ne trouverait pas meilleur que ceci : «On prend le même (programme) et on recommence !» C'est, en effet, le premier constat qu'on pourrait faire d'un exposé qui n'a strictement rien de nouveau sinon qu'il est présenté par un homme qui l'est effectivement. Lu, vu, entendu et certainement adopté. Le gouvernement Sellal n'a pas jugé utile lui non plus de sortir de la logique rentière qui consiste à étalonner les projets d'investissement publics à l'aune des pétrodollars. Et même pire, puisqu'il prévoit d'exploiter éventuellement le gaz de schiste pour doper les recettes via l'amendement de la loi sur les hydrocarbures. En cela, le nouveau Premier ministre a ce mérite d'évacuer le populiste slogan de la diversification de l'économie chanté depuis 1999. La présentation qui a été faite devant les députés ressemble plus à une budgétisation des dépenses à venir des différents secteurs auxquels on pourrait rajouter la mention «à suivre»… En attendant la loi de finances. Il n'y a ni chiffrage vérifiable ni délais imposables. Sellal, comme son prédécesseur, est contraint de tirer un plan… sur la comète, comme cela se fait depuis 13 ans. A l'arrivée, on a droit à une reconduite quasi complète d'un programme sans relief, celui du Président, abusivement emballé dans de délicieuses formules médiatiques du genre «plan, feuille de route, commandements»… Or, mis à part l'opération spectaculaire contre les marchés informels dont il convient d'attendre la suite face à la grogne des «victimes», il serait politiquement prétentieux et moralement déplacé de vouloir tirer fierté d'un exposé en pointillés… Signe de la panne d'imagination, cet énième gouvernement de Bouteflika reprend la formule AADL dans le logement après l'avoir déclarée inopérante ! Une preuve éclatante de l'effort de planification… Et sachant que le logement est un secteur à très forte valeur ajoutée électorale, le nouvel Exécutif a même décidé de bétonner ce qui reste des terres agricoles pour «caser» une armée de demandeurs-électeurs. Exit le développement de l'agriculture dans un pays où l'on importe même la pomme de terre. Faut-il pour autant jeter la pierre à M. Sellal ? A sa décharge, il a pris un train en marche qui, plus est, déraille depuis 2000. Abdelmalek Sellal devrait être jugé non pas sur son plan d'action mais sur son plan d'intention. Parce que le mouvement et le statu quo sont actionnés depuis la Présidence. Ahmed Ouyahia, qui n'a pas présenté son bilan, en sait quelque chose.