Comment éviter un choc perpétuel ou une dépendance humiliante avec l'Occident ? Telle est la question que se posent aujourd'hui les pays du monde arabo-musulman. Ce constat a été établi hier au niveau de la salle de conférences du Conseil de la nation à Alger par Clovis Maksoud, directeur du Centre d'études de l'université américaine pour le sud global (basé à Washington). Cet expert ne s'est pas empêché de souligner que le département de la Défense s'est approprié l'élaboration des décisions pour la diplomatie des Etats-Unis. En cela, dira-t-il, les néo-conservateurs ont réussi à infiltrer le congress, les centres d'études et de recherche ainsi que d'autres structures influentes sur les décisions politiques de ce pays. Dans une conférence intitulée : « La prise de décision américaine et le rôle arabe probable », Maksoud appelle à une action diplomatique arabe commune pour tenter d'atténuer le redéploiement du lobby juif, en plein forme, depuis les attentats du 11 septembre 2001. Un lobby qui a trouvé, dira le conférencier, dans le prétexte de la lutte contre le terrorisme, une aubaine pour réprimer le peuple palestinien et faire pressions sur les autres pays arabes. Du coup, indiquera Maksoud, « le président Bush qui fait pression sur les ces pays-là subit lui-même des pressions » de la part des néo-conservateurs et du lobby juif. D'ailleurs, il a souhaité que le prochain sommet arabe, devant se tenir la semaine prochaine à Khartoum (Soudan), soit reporté à cause de la situation délicate au Liban et des manœuvres contre le gouvernement formé par Hamas en Palestine. Il notera que les opposants à la guerre de l'Irak jugent actuellement que la présence US est légale même si elle n'est pas vraiment légitime. Cela amènera le conférencier à relever également que ces opposants ont choisi avant-hier de manifester en Louisanne à l'occasion du troisième anniversaire de l'invasion de l'Irak. Interrogations Ils ont voulu ainsi rappeler que s'il n'y avait pas l'envoi de soldats américains dans ce pays, il y aurait eu une prise en charge rapide et efficace des victimes du cyclone Catrina qui avait frappé, l'été dernier, cette ville du sud des Etats-Unis. Cependant, Clovis Maksoud n'a cessé de poser de nombreuses interrogations qui concernent les relations des pays arabo-musulmans avec les Etats-Unis, sans pour autant qu'il n'apporte des éclairages suffisants en sa qualité d'expert. L'assistance du Conseil de la nation est restée hier sur sa faim, alors qu'elle attendait beaucoup d'un homme riche en expérience (avocat, diplomate, journaliste). Clovis Maksoud, qui est aussi membre du comité consultatif du programme de développement des Nations unies pour les pays arabes, a été l'ambassadeur de la Ligue arabe en Inde de 1961 à 1966. De 1967 à 1979, il a été rédacteur en chef du quotidien Al Ahram puis Annahar Weekly. Il est l'auteur de plusieurs articles et ouvrages sur le Moyen-Orient.