Les trois nuits du gnawi ont drainé une foule impressionnante. Pour la clôture, les agents de la sécurité étaient dépassés par la demande. L'ouverture était prévue à 19h, mais les portes de la salle se sont ouvertes dès 17h 45. En couple et par groupe, la salle a été envahie en un laps de temps. A 19h et des poussières, les portes se referment en laissant une nuée humaine agrippée aux portes grillagées. Usant des coudes et exhibant des invitations et des billets d'entrée, les retardataires ont usé de tous les subterfuges pour tenter de rentrer. En vain. La porte ne voulait pas s'ouvrir. Indisponibilité des places oblige. La soirée est étrennée par le brillant musicien Mohamed Rouane qui a tenu le haut du pavé durant une heure. En hommage au phénix de la chanson chaâbi, Mohamed a choisi un morceau intitulé El Anka. Suivront quelques morceaux choisis de son ancien et nouveau CD. Une sublime voix féminine répondant au nom de Amina est venue fusionner avec les intonations musicales de Rouane. Cette élève de l'association El Inchirrah a interprété entre autres Tin Hinan et Talatha zahra ou mraha. A 20h, le groupe El Ferda fait une entrée fracassante dès les premiers sons traditionnels entonnés. Habillés de djallaba et de « aâraqiya », les musiciens ont enivré le public par six titres ensorcelants dont Ya krim el kourama, Mustapha ghri aliya, Bard min el hawa, Nafessi, La illah Illa Alah. Le public a du mal à tenir en place. Preuve en est : le moindre mètre carré du devant de la scène est squatté par d'excellents danseurs. Idem pour les travées. Après une heure de transe et... de bonheur, le groupe se lève pour remercier le public d'être venu nombreux. Des voix s'élèvent pour réclamer l'incontournable chanson Sidi Bouziane. Sitôt dit sitôt exécuté, la troupe reprend place et se lance dans l'interprétation du tube. Une ambiance identique à celle des stades s'offre avec un réel plaisir. Des moments de bonheur et de transe aux rythmes du tbel, du oûd, de la derbouka, de la qouitra ou encore du mahraz (pilon en cuivre). Ainsi en un peu plus de deux heures de concert, les deux artistes programmés durant la soirée gnawi ont su mettre de l'ambiance et combler un public connaisseur.