Mille flacons de facteur de coagulation (facteur VIII), le traitement pour les hémophiles, interdit dans son pays d'origine (Inde), importé par la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) et expédié vers la wilaya de Biskra, vient d'être bloqué. Le lot vient d'être rappelé par la PCH sur instruction du ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, M. Ziari. Une décision qui intervient suite à la protestation de l'Association nationale des hémophiles visant ce produit et surtout au désengagement signifié par le fournisseur indien Reliance Life Sciences Pvt Ltd de livrer toute la quantité demandée (72 000 flacons) lors de l'attribution du marché dans le cadre de l'appel d'offres de la PCH en 2011. Un appel d'offres entaché d'irrégularités avérées, ce qui avait suscité une forte contestation, l'année dernière, des opérateurs de la pharmacie, des professionnels de la santé et de l'Association des hémophiles sachant que le produit, un dérivé sanguin, n'était même pas enregistré en Algérie et de plus non commercialisé dans son pays d'origine. Une clause pourtant contenue dans le texte réglementaire régissant l'importation de produits pharmaceutiques. Ce qui n'a pas été respecté par les responsables de la PCH. Une irrégularité que le ministère de la Santé a cautionné, notamment la direction de la pharmacie censée faire respecter la loi pour la délivrance de l'autorisation de mise sur le marché (AMM) au fournisseur lui permettant au préalable de soumissionner à l'appel d'offres. Rien n'a, en fait, empêché la PCH d'attribuer les deux tiers du marché et de réceptionner 1000 flacons qui ont été expédiés dans une totale discrétion vers la wilaya de Biskra. L'Association des hémophiles, qui a pris attache avec nous, se félicite de la décision du rappel des lots du facteur VIII et se dit choquée par «les agissements incompris des responsables de la PCH qui se trouvent être coupables au premier degré puisqu'ils ont importé le produit malgré notre réaction et celle des praticiens et, pis encore, en affectant les 1000 flacons à la PCH de Biskra. Ce n'est pas un hasard que ces produits finissent à Biskra vu l'absence d'hématologues et de professeurs dans ces wilayas du Sud», a déclaré Mme Latifa Lamhene, présidente de l'Association des hémophiles. Et de souligner : «J'ai remis aussi à l'actuel ministre, M. Ziari, lors de l'audience qu'il nous a accordée, avec les membre de la Fédération internationale des hémophiles, les écrits envoyés à M. Ould Abbès et à M. Delih, directeur de la PCH, pour prévenir des dangers éventuels de ce produit en exprimant un refus catégorique de consommer ce facteur qui n'est utilisé nulle part dans le monde, d'après nos recherches, notamment lors du Congrès mondial de l'hémophilie qui a regroupé plus de 5000 personnes.» Mme Lamhene souhaite l'accès aux produits recombinants à tous les malades hémophiles dans les plus brefs délais «afin d'éviter toute discrimination aux malades hémophiles algériens».