Dès la parution de l'avis d'appel d'offres national et international à la privatisation de l'hôtel Es Salem, un branle-bas de combat a été décrété dans le prestigieux établissement touristique de Skikda. Les travailleurs, une centaine, cherchant certainement à éviter d'être pris au dépourvu, ont vite réagi en manifestant clairement leur intention d'acquérir l'établissement. Cette volonté n'a d'ailleurs pas tardé à être confirmée, puisque moins de 24 heures après la parution de l'avis d'appel d'offres, les travailleurs ont tenu une assemblée générale qui a abouti à la création d'une SPA et à l'élection d'un conseil de direction. « Nous devons agir vite afin de préserver toutes nos chances et postuler à pied d'égalité avec d'autres éventuels soumissionnaires », a déclaré un membre du conseil de la nouvelle SPA, qui continue : « Nous avons officiellement manifesté notre déclaration d'achat de l'hôtel et saisi à ce sujet la direction générale de la société de gestion et de participation de I'Etat de l'hôtellerie (Gestour). » Cet engouement, en somme tout légitime, a été motivé, aux dires des membres du conseil d'administration de la SPA, par plusieurs facteurs et d'expliquer : « Nous tenons à souligner que les dernières déclarations du chef du gouvernement, rapportant que 11 entreprises publiques avaient été acquises par les travailleurs, nous ont énormément encouragés. Nous les avons perçues comme une garantie supplémentaire quant aux chances laissées aux travailleurs qui désirent reprendre leur propre entreprise, un autre facteur est en relation avec notre propre devenir professionnel. Lors de l'assemblée générale, beaucoup de travailleurs avaient exprimé leur appréhension quant à leur avenir. C'est ce qui a d'ailleurs motivé la majorité à adhérer à l'idée de nous constituer en SPA et défendre toutes nos chances. Se sachant en concurrence avec de « gros bonnets », les représentants des travailleurs et sans complexe aucun se jugent capables de relever le défi : « Nous disposons d'un capital expérience indéniable. Cet hôtel nous le connaissons et la majorité des travailleurs ont cumulé une expérience de plus de 20 ans. Nous demeurons confiants que l'ordonnance 01/04 relative à la gestion et la privatisation des EPE soit appliquée pour nous permettre de bénéficier d'un abattement de 15%. Nous sommes prêts à tous les sacrifices pour préserver nos chances. » Pour l'exemple, le président du conseil d'administration de la nouvelle SPA a tenu à faire part de la décision des 100 employés de l'hôtel qui ont accepté de donner leurs salaires pour collecter 2 millions de dinars, un montant représentant le cautionnement exigé. Se basant sur l'expérience des travailleurs de la Sijico 4e Skikda qui viennent d'acquérir leur entreprise, les salariés d'Es Salem estiment que seuls les professionnels sont en mesure de diriger une telle entreprise, bien que des indiscrétions rapportent que l'hôtel intéresserait déjà pas mal de repreneurs. On avance que pas moins de 10 soumissionnaires, dont des Tunisiens et un Grec auraient déjà manifesté leur intention de l'acheter. Mis en exploitation en décembre 1976, l'hôtel classé 4 étoiles est un véritable repère de la ville de Skikda. Très bien situé, il surplombe aussi bien le port que la vieille ville. Son image a de tout temps représenté une image de marque pour Skikda. S'étalant sur une superficie de plus 11 000 m2, l'hôtel comporte cinq suites, six dressing et 141 chambres. Ayant fait l'objet d'une grande opération de réaménagement et de réhabilitation ces dernières années, l'hôtel dispose également d'un restaurant de 125 couverts, d'un bar, d'un salon bar, d'une pizzeria barbecue, de deux piscines et d'une discothèque en plein air. Dans le souci de l'agrémenter d'une dimension balnéaire, qui lui faisait défaut, les gestionnaires de l'établissement ont acquis, à titre de concession, une plage privée à Ben M'hidi.