Une délégation algérienne, composée de représentants des ministères des Affaires étrangères, de la Justice et de la Défense, s'est déplacée, entre les 12 et 18 mars, à la base américaine de Guantanamo, pour s'entretenir avec les détenus algériens, a-t-on appris de sources sûres. Il s'agit de la première visite officielle algérienne à ce camp d'internement américain, ouvert depuis la guerre lancée par les troupes US contre le régime des talibans en Afghanistan en 2001. Les premiers éléments d'information recueillis sur place ont indiqué nos sources, ont fait état de 26 Algériens détenus au camp Delta, parmi lesquels six ont été arrêtés en Bosnie, un en Géorgie et le reste en Afghanistan et au Pakistan. Ces détenus ont quitté l'Algérie entre 1993 et 1999 pour être recrutés par les filières islamistes internationales et convoyés vers les pays où ils ont été arrêtés. Ils sont tous passés par la capitale britannique, qui semble être leur premier point de chute, avant de rejoindre le terrain du djihad en Bosnie, en Tchétchénie, au Pakistan et au Afghanistan. Selon nos interlocuteurs, les Algériens de Guantanamo ont tous contesté les faits qui leur sont reprochés par les troupes US et dénoncé par la même occasion les conditions de détention et leur « prise en charge inhumaine » par l'administration de la base de Guantanamo. Les mêmes sources ont affirmé, par ailleurs, qu'étant donné leur statut de « combattants ennemis constituant une menace pour les intérêts américains », les négociations entre les autorités algériennes et US pour le rapatriement de ces détenus risquent de durer. « Néanmoins, le plus dur est passé. Le gouvernement algérien fait tout pour assister et apporter toute l'aide nécessaire qu'il faut à ses ressortissants en maille avec la justice américaine. » Les premières discussions avec les détenus de Guantanamo, expliquaient nos sources, se sont bien déroulées et ont eu lieu individuellement et sans aucune pression ou présence des autorités américaines. « Ce qui a facilité le dialogue avec les détenus et permis de faire une première évaluation de leur situation. » Notre source a indiqué qu'il reste deux ou trois autres Algériens toujours détenus à Guantanamo, auxquels la délégation officielle n'a pas eu accès, puisque les Américains ont avancé une liste de 29 à 30 Algériens.