A peine installé dans ses fonctions après avoir prêté serment, mercredi dernier, devant le président Mahmoud Abbas, le nouveau gouvernement palestinien, issu du Hamas vainqueur des législatives du 25 janvier, vient d'avoir un avant-goût de ce que lui réserve la communauté internationale, acquise malheureusement à Israël, la force occupante. Les menaces d'un arrêt des aides directes au gouvernement palestiniens ont fusé cette fois de l'organisme, censé œuvrer pour une solution pacifique du conflit israéo-palestinien, en l'occurrence le Quartette (Etats-Unis, Union européenne, ONU, Russie), c'est-à-dire la communauté internationale dans son ensemble. Le Quartette a élaboré la feuille de route, dernier plan de paix pour la région, dans laquelle un Etat palestinien indépendant et souverain devait voir le jour en 2005. Il n'a jamais rien fait pour défendre son plan, quIsraël a tout tenté pour le faire échouer. En calquant ses positions sur celles de l'Etat hébreu, refusant tout contact avec le gouvernement palestinien, dirigé par des hommes du mouvement islamiste Hamas, tant que ce dernier n'aura pas reconnu l'Etat d'Israël et mis fin à la lutte armée, le Quartette ne joue plus le rôle d'intermédiaire mais d'allié à l'un des deux camps en conflit. Dans un communiqué paru à Bruxelles, le Quartette a indiqué que l'aide future à tout nouveau gouvernement sera réévaluée sans (son) engagement à reconnaître Israël, les accords signés avec lui et l'abandon de la violence. Les pays du Quartette ont convenu qu'« inévitablement, il y aura des conséquences sur l'aide directe au gouvernement et à ses ministres », poursuit le texte. Comme parti pris, il n'y a pas de plus flagrant. Le nouveau ministre des Finances palestinien, Omar Abdelrazek, s'est dit « surpris » de ces nouvelles menaces. « Nous attendions des gens qu'ils entrent en contact avec nous avant de faire de telles menaces et nous attendions d'eux qu'ils fassent la différence entre des positions politiques et des questions économiques et humanitaires », a-t-il affirmé. « Nous attendons un dialogue, pas des menaces par médias interposés », a-t-il ajouté. « Que des sociétés occidentales refusent un processus démocratique que tous les observateurs ont reconnu s'être bien déroulé nous surprend. » Ainsi, la communauté internationale intensifie de plus en plus l'embargo sur les palestiniens sous la directions du Hamas. Plusieurs pays avaient déjà annoncé la suspension effective de leur aide aux Palestiniens. Le Canada, qui versait annuellement près de 7,3 millions d'euros, avait annoncé, mercredi dernier, la suspension de cette aide ainsi que des contacts avec le nouveau gouvernement palestinien. Aux Etats-Unis, le président George Bush, en personne, a déclaré qu'une poursuite de l'aide financière au gouvernement palestinien n'avait « pas de sens », car il a « exprimé son désir de détruire son voisin ». L'Administration américaine, qui considère le Hamas comme une organisation terroriste, a par ailleurs annoncé qu'elle revoyait tous ses contacts avec des responsables palestiniens pour ne pas entrer en relation avec le Hamas. Les Etats-Unis ont récemment exigé de l'Autorité palestinienne et reçu le remboursement de 50 millions de dollars versés en 2005, après la victoire du mouvement islamiste aux législatives de janvier . Certains ministres du Hamas ont essayé de minimiser de telles décisions. Mahmoud El Zahar, nouveau ministre des Affaires étrangères, a déclaré lors de la cérémonie de passation de pouvoir : « Si on regarde bien le volume de l'aide » des Etats-Unis et du Canada à l'Autorité palestinienne et au gouvernement, « cette décision n'aura pas de grandes conséquences », a-t-il affirmé. Le ministre des Finances a, quant à lui, exclu un effondrement financier de l'Autorité palestinienne. « Nous ne serons pas en banqueroute. Nous avons d'autres ressources (...) et nous avons aussi le soutien des pays arabes », a-t-il insisté. Des aides financières viennent d'être versées au gouvernement par l'Algérie et l'Arabie Saoudite, a ajouté le ministre, qui n'a pas été en mesure d'en chiffrer le montant. Il est évident que le Hamas au pouvoir, considéré par la communauté internationale injustement aussi comme organisation terroriste simplifie les choses aux Israéliens, qui de toute façon, ne veulent pas de partenaire palestinien. Sur le terrain, c'est la reprise des attentats suicides. Un kamikaze palestinien a entraîné avec lui dans la mort 4 Israéliens près d'une colonie juive en Cis-Jordanie occupée. Militant des Brigades des Martyrs d'El Aqsa, liées au Fatah, le suicidaire venait de la région d'El Khalil. Très tôt, hier, des avions de combat Israéliens de type F16 ont effectué des raids à Ghaza, démolissant un pont, mais sans entraîner de pertes humaines.