La corporation des boulangers s'est réunie hier au siège de l'UGCAA pour demander d'ouvrir en urgence un dialogue «franc et sincère» avec les pouvoirs publics autour d'une plateforme de doléances et de revendications pour une réelle prise en charge de celles-ci, longtemps occultées, indiquent les responsables de cette corporation. Dans le cas contraire, les artisans boulangers se verraient contraints de recourir à une grève générale et illimitée qui priverait la ville de l'approvisionnement en pain. D'ailleurs, les signes avant-coureurs d'une pénurie de pain se sont fait sentir au cours de cette semaine avec la disparition de pain sur les étals de petits commerces d'alimentation du centre-ville et des quartiers qui ne se font plus livrer la quantité quotidienne par leurs fournisseurs habituels. Depuis quelques jours, plusieurs clients sillonnent les petits commerces des cités à la recherche de cette denrée alimentaire. Selon la corporation, les fabricants ne sont plus en mesure de continuer à exercer leur métier et la faillite plane et serait imminente sur leur commerce qui croule sous le poids de l'accumulation de nombreuses difficultés. Au premier rang de leurs revendications, figure la hausse du prix de la baguette de pain amélioré à 10 DA, susceptible d'atténuer un tant soit peu les charges auxquelles ces artisans sont confrontés. Le tarif officiel de 8,50 DA la baguette de pain amélioré n'a pas changé depuis 1995, disent-ils. Ils ajoutent, pour démontrer la pénibilité de la profession, que sur une centaine de boulangers officiellement recensés il y a quelques années, il n'en reste en 2012 sur l'ensemble de la commune de Bechar, qui compte 170 000 habitants, qu'une quarantaine car les autres ont mis la clef sous le paillasson, écrasés par les frais insupportables. Et de citer la cherté de la levure qui a subi, ainsi que les produits améliorants, depuis quinze ans, une hausse variant entre 200 à 300%. Mais la colère des artisans boulangers se cristallise en particulier sur le sac de farine acheté et censé contenir le poids de 50 kg alors qu'en réalité, à la pesée, il ne dépasse guère les 45 kg et parfois moins, «une véritable arnaque» disent-ils. Le manque de main-d'œuvre locale (les ouvriers viennent en totalité des régions du Nord) est un autre souci de la corporation qui incrimine l'ANSEJ d'agréer des dossiers d'acquisition de boulangeries au profit de jeunes qui n'ont aucun lien avec le métier mais qui les ont revendues en l'état. Une enquête a été ouverte par la direction du Commerce de la wilaya pour déterminer le nombre et l'identité de ces faux artisans boulangers, a-t-on appris. «Le soutien du prix du pain au citoyen par les pouvoirs publics n'est pas contesté mais ce soutien doit aussi nous concerner et se traduire par la réduction de nos lourdes charges», soulignent les responsables de la corporation.