Ahmed Benbitour candidat à la présidentielle de 2014 ? «La question est prématurée, mais s'il n'y a pas d'autre choix pour porter le programme que je propose, on verra !», a déclaré, hier à Constantine, l'ex-chef de gouvernement, lors d'une rencontre au forum hebdomadaire organisé par le quotidien local L'Index. Devant une assistance nombreuse, l'invité s'est dit convaincu que l'échéance 2014 sera l'occasion du changement. La rencontre, organisée par des activistes de la société civile, a attiré une assistance nombreuse venue écouter et échanger avec l'ex-chef de gouvernement qui, pour rappel, avait démissionné de ce poste en 2000. Le conférencier a commencé par établir un diagnostic de la situation de l'Algérie qui, a-t-il affirmé, nécessite un changement de pouvoir politique et de l'extérieur : «Le changement ne viendra pas de l'intérieur selon un agenda du pouvoir, il n'est possible qu'au terme d'une pression populaire pacifique, d'alliances des forces et la présence d'un facteur déclencheur.» L'Etat de droit, le pouvoir coercitif de l'administration, la capacité du gouvernement à faire fonctionner l'économie, la légitimité des institutions et la qualification de l'élite, tous ces indicateurs montrent que l'Algérie est faible, selon lui. L'économie, paramètre fondamental, étant dépendante des hydrocarbures en Algérie, il estime que «nous vivons une situation extrêmement dangereuse concernant nos ressources énergétiques et leur gestion». Il en veut pour exemple la léthargie qui caractérise le Conseil national de l'énergie, lequel ne s'est pas réuni depuis dix ans et aussi le fait que nos recettes fiscales pétrolières soient versées à hauteur de 64% dans le budget équipement. Le changement, selon Ahmed Benbitour, doit passer par la refondation de l'Etat à travers la refonte de ses institutions, la réforme de la justice et la modernisation de l'armée. Il veut aussi réformer l'école, passer d'une économie rentière à une économie concurrentielle, améliorer le comportement de l'individu et celui des groupes d'individus ou encore lutter contre la corruption et la gabegie et former à la citoyenneté. Concernant les moyens et les mécanismes d'action, il n'a pas été très clair ; par contre, il prédit un délai de 5 ans pour la mise en œuvre de son programme. A une question posée par El Watan au sujet du projet de société et de la nature de l'Etat, une idée éludée dans son exposé, M. Benbitour répond que ce sujet ne peut être traité sérieusement qu'après 5 ans d'application du programme. A ce moment, la révision de la Constitution sera possible au bout d'un dialogue national sans qu'un groupe puisse imposer sa vision, estime-t-il. Mais peut-on refonder d'abord les institutions et ensuite passer à la révision du texte fondateur de l'Etat ? Non, selon maître Boudjemâa Ghechir, président de la LADH, intervenu pour apporter la contradiction à l'invité. En échange, M. Benbitour a rejeté l'idée d'une Assemblée constituante comme porte de sortie de crise, arguant que c'est une erreur fondamentale et une solution dépassée. En réponse à une autre question de la salle, il dira que «même si le candidat du pouvoir se représentait en 2014, cela n'empêchera pas le changement».