Morsott, une commune à 40 km au nord du chef-lieu, a vécu, hier, des émeutes. En effet, des barricades ont été érigées à l'aide de pneus incendiés, dont la fumée était visible dans tous les quartiers, interdisant ainsi tout accès à la ville. Des jeunes et moins jeunes, des enfants cartable en bandoulière, des hommes encagoulés munis de barres de fer. Des cris, des clameurs. Tous les chemins qui mènent à la ville sont fermés. Même le chemin de fer est barré par un bouclier humain. Le train transportant du phosphate à Annaba a dû faire machine arrière et est retourné à Tébessa. Tous les établissements scolaires, les entreprises et les locaux commerciaux sont fermés de peur des manifestants. Bekhouche Belgacem, le CEM de la ville que les émeutiers ont envahi en premier, toutes ses fenêtres sont cassées et ses classes saccagées. Un manifestant nous déclare : « A Morsott, le taux de chômage ne cesse d'augmenter, la commune vit une situation déplorable, les routes sont impraticables, il n'y a pas de trottoirs, les bidonvilles poussent comme des champignons, les jeunes sont livrés à la drogue, au vol et d'autres fléaux. On a marre ! » Evoquant la bureaucratie et la corruption, un autre émeutier nous dit, excédé, que des gens d'ailleurs venaient travailler dans leur commune tandis qu'eux étaient mis à l'écart et n'avaient même pas bénéficié du filet social. Vers 11h, un groupe d'intervention de la Gendarmerie nationale a été dépêché de Tébessa pour disperser les émeutiers avec des bombes lacrymogènes et rouvrir la RN16. D'autres manifestants s'en sont pris au siège de la daïra et à l'APC, où de légers dégâts ont été enregistrés. Le wali a chargé le P/APC d'El Kouif (40 km à l'est de Tébessa) de calmer les esprits. Un geste qui a suscité beaucoup d'interrogations chez les habitants de Morsott. Pour cela, un groupe de 10 personnes représentant les habitants de ladite commune a présenté directement au wali ses doléances. Pour plus d'information, nous nous sommes rapprochés du chef de la daïra, en vain. Ce dernier s'est abstenu de toute déclaration, nous orientant vers la cellule de presse de la wilaya. Quant au maire Bekkaï Mohamed Seghir, il a nié que ces émeutes ont une relation quelconque avec le chômage ou la situation de la ville. Il accuse directement le premier adjoint au maire. « Ce sont des garçons manipulés par des personnes qui ont des intérêts. C'est le premier adjoint au maire limogé récemment qui est derrière tout cela. »