-Le gouvernement a donné des instructions pour plus de flexibilité du système bancaire vis-à-vis des particuliers et des investisseurs. A quelles conditions cela pourra-t-il se réaliser ? Cette instruction pourrait réussir si nous introduisions un système bancaire électronique, et si nous parvenions à changer la mentalité bancaire publique connue pour sa rigidité et sa bureaucratie. Et ce, en procédant au rajeunissement des cadres gestionnaires. D'autant qu'il est impératif de mettre en place un cadre juridique assurant une certaine protection de ces gestionnaires, afin de leur permettre d'agir en toute liberté et souplesse selon les souhaits de leurs clients. -Pensez-vous que des mesures d'austérité doivent être prises en 2013 compte tenu de la crise mondiale ? Oui, la prudence est de rigueur. Surtout que le monde vit une crise économique qui risque de s'aggraver cette année. D'autant qu'il est obligatoire de préserver les excédents financiers réalisés, et ceux qu'on pourrait réaliser en 2013. Mais parler d'austérité est très grave, sachant que la société connaît déjà un degré d'ébullition assez élevé qui risque de s'aggraver si des politiques d'austérité étaient adoptées. Vu ce qui a été dit plus haut, je serais pour la rationalisation des dépenses et non l'austérité, parce que ce dernier nous a amené à une situation sécuritaire et sociale très dangereuse durant les années 90. -Le premier ministre, Sellal, donne l'impression d'agir en faveur d'une plus grande flexibilité par rapport à son prédécesseur en essayant de lever les obstacles à l'économie. Est-ce simplement des effets d'annonce ou une réelle volonté d'agir, selon vous ? Les lobbies mafieux en Algérie ont ralenti la cadence du développement de l'Algérie et de sa sortie de la dépendance économique. En outre, ils ont freiné les grands projets mis en route à travers leur puissance politico-financière. Cela était à l'origine d'une stérilité politique et d'une corruption sans précédent. Je pense donc que le premier ministre qui faisait aussi partie des précédents gouvernements qui étaient incapables d'apporter un changement significatif, ne sera pas en mesure de faire quoi que ce soit, comparé à son prédécesseur qui n'a pas laissé de bonnes bases sur lesquelles il serait possible de poursuivre la lancée. Je dirais même que toutes les périodes au cours desquelles il était chef du gouvernement ou premier ministre ont été les plus sombres de l'histoire économique de l'Algérie. C'est pour cela que l'Algérie aura besoin dans les années à venir d'une personne forte et intègre, qui possède une certaine crédibilité dans les milieux populaires, qui sera capable de mettre en œuvre les programmes gouvernementaux et veiller au respect des priorités et qui saura agir avec rigueur contre toute forme de corruption. Je crains aussi que le rythme de la corruption politique et économique aille crescendo et qu'il soit à l'origine de l'épuisement des ressources du peuple algérien, comme c'était le cas durant la décennie précédente. Je ne vous apprendrai rien si je disais que tous les gouvernements précédents ont échoué, et qu'ils ont donné un très mauvais exemple en matière de gestion des affaires du pays. Si les choses étaient entre les mains d'un gouvernement qui respectait son peuple, les 600 milliards de dollars dépensés durant un peu plus d'une décennie auraient pu être à l'origine d'un développement similaire de pays développés, mais rien n'a été fait dans ce sens. Car, nous avions toujours affaire à des chiffres exagérées ou falsifiés, qui ne reflétaient nullement la réalité. Des maux qui rongent notre société tels que le taux de chômage élevé, la crise de logement, la pauvreté, la régression du secteur de la santé, la criminalité et la corruption qui reflète une économie classée parmi les plus faibles dans le monde, Notre économie ne connaîtra aucune évolution, puisque nous n'arrivons pas à comprendre que le développement ne se résume pas à des chiffres, mais une qualité dans la réalisation et la concrétisation de projets intéressants au profit du citoyen. -Quelles seront, selon vous, les priorités économiques auxquelles le gouvernement devra s'attaquer et concrétiser impérativement en 2013 ? Parmi les priorités économiques que le gouvernement devrait prendre en considération pour cette nouvelle année, on peut citer les points suivants : - La recherche de vrais nouveaux partenariats économiques afin de promouvoir l'investissement, faciliter le transfert de technologie et la promotion des exportations hors-hydrocarbures. - Encourager le soutien au secteur agricole en respectant les particularités des zones agricoles et en garantissant l'accompagnement, le contrôle et le suivi sur terrain des financements et privilèges accordés aux agriculteurs. - Réduire la facture d'importation des médicaments en encourageant l'industrie locale. - Réévaluer le dinar et réhabiliter la monnaie nationale. - Améliorer le pouvoir d'achat et réduire l'inflation sous le seuil des 5%. - Combattre la corruption et la bureaucratie dans l'administration algérienne. - L'adoption de nouvelles méthodes créatives pour résoudre la crise du logement. - Elaborer un système électronique statistique afin de pouvoir relier les différents secteurs entre eux. - Combattre la fraude et l'évasion fiscale, simplifier le système fiscal algérien et adopter l'idée de l'amnistie fiscale partielle pour ceux qui s'engagent à s'acquitter de leurs arriérés d'impôts. - Promotion de nouvelles méthodes pour la lutte contre la pauvreté et le chômage, à travers l'aide à l'emploi, et non en octroyant des pensions et des aides financières. - Dépasser le complexe des banques islamiques, en laissant ces dernières s'installer en Algérie et permettant l'ouverture de guichets auprès des banques étatiques. - Rationaliser les dépenses publiques et lutter contre toute forme de gaspillage, dilapidation des deniers publics et détournements de fonds. - Promouvoir des méthodes de lutte contre le blanchiment d'argent. Le développement du secteur touristique, selon les particularités de la société algérienne. Et en prenant en considération les coutumes et les croyances. - Exploiter les excédents financiers de l'Algérie, résultats de la hausse des prix du pétrole et ne pas se contenter de placements auprès des établissements financiers étrangers avec de faibles taux d'intérêts qui diminuent leur véritable valeur.