Le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, a décidé, hier, de répondre aux multiples «supputations» entourant l'exploitation des gaz de schiste en Algérie. Une question est revenue sur les lèvres du ministre au cours de ses réponses aux parlementaires tel un leitmotiv : «Pourquoi les grands pays producteurs d'hydrocarbures non conventionnels désirent développer les gaz de schiste, alors que l'on voudrait l'interdire à l'Algérie ?» Le ministre ira même plus loin en affirmant que «les grands pollueurs de la planète n'ont pas à se faire passer pour des donneurs de leçon en matière d'environnement et d'écologie». L'orateur estime d'ailleurs qu'il est aujourd'hui vital pour l'Algérie d'aller vers le développement des gaz de schiste, contrairement à certains pays ayant imposé un moratoire sur ce genre d'industrie afin de préserver leur nucléaire. Une «nécessité impérieuse», lorsque l'on pense que les restes des technologies ne suffiront nullement «à assurer la satisfaction des besoins énergétiques du pays». Anticipant sur la présentation au gouvernement du modèle de consommation nationale, le premier responsable du secteur a insisté sur la croissance des besoins énergétiques futurs de l'Algérie. Des besoins qui induiront une facture à l'import de près de 100 milliards de dollars pour les produits énergétiques, si l'on décide d'interdire l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels pour attendre l'assèchement des gisements conventionnels. Ainsi, les besoins en électricité passeront de 1350 KWH actuellement à 3000 en 2030. De même que la consommation en carburants passera de 15 à 50 millions de tonnes en 2040, tandis que les besoins en gaz passeront de 30 à 100 milliards de mètres cubes à la même échéance. Il indique dans ce sens que sans énergie, il ne peut y avoir de développement. D'où la nécessité d'aller vers les hydrocarbures non conventionnels d'autant que les réserves actuelles s'épuisent à vue d'œil et que le reste des alternatives n'arrivera jamais à couvrir les besoins des populations et de l'économie nationale. Il se livrera ensuite, chiffres à l'appui, au démontage de tous les arguments des détracteurs des gaz de schiste, comme les besoins en eau de la fracturation hydraulique, le risque de pollution des aquifères ainsi que l'essence même de cette technique qui remonte, selon lui, aux années 1970. On apprend d'ailleurs que le champ de Hassi Messaoud est le plus grand gisement d'hydrocarbures non conventionnels. Le pétrole conventionnel ne représente que 25% du potentiel du gisement. Il se demande, à ce titre, pourquoi se priver d'une telle richesse.