En marge des championnats de sports scolaires qui se sont déroulés dernièrement à Ghardaïa, le ministre de la Jeunesse et des Sports est monté au créneau. Yahia Guidoum a déclaré sur les ondes de la Chaîne III : « Dorénavant les choses vont bouger dans le secteur scolaire (...) Il importe que les parents, les directeurs et les enseignants attachent de l'importance à l'EPS. » Le mot « dorénavant » est assez significatif d'une situation peu reluisante qui n'a que trop duré. On apprend de la bouche du ministre que « chaque semaine, deux après-midi seront consacrées au sport scolaire ». Il n'a toutefois pas précisé si ces séances s'ajouteront ou non aux deux heures hebdomadaires d'EPS des collèges et des lycées. Un horaire/portion congrue qui remonte au début du siècle dernier. Quant aux élèves du primaire, ils ne bénéficient que des instants de récréation pour bouger dans tous les sens sans aucune pratique méthodique. Selon nos spécialistes, les jeunes Algériens présentent un énorme déficit en motricité. Ils situent l'origine de cette carence - entre autres - dans la faiblesse de la pratique sportive au niveau des établissements scolaires. La nature ayant horreur du vide, c'est l'obésité qui pointe son nez auprès des populations scolaires. Une récente étude médicale souligne l'apparition de ce fléau chez les sujets jeunes privés de pratique sportive régulière. Les solutions coulent de source et elles peuvent renverser la vapeur d'une tendance nocive à la santé de nos enfants : introduire l'EPS au cycle primaire, revoir à la hausse son horaire dans les autres cycles et surtout dégager tous les moyens nécessaires à la revalorisation de cette discipline hautement stratégique dans l'éducation - dans son sens global - des générations montantes. Autant de pistes à emprunter qui mèneront à coup sûr à transformer nos écoles, collèges et lycées en milieux de vie stimulants et agréables. On ne peut passer sous silence la volonté du ministre de l'Education nationale de réanimer l'EPS. Il y a de cela six ans, il signait un arrêté conjoint avec son homologie de l'époque. Ce document prévoyait une redynamisation du sport scolaire, y compris dans les écoles primaires. Mieux, il avait donné des instructions pour ne pas réceptionner des établissements construits sans aires de jeux. Au finish, cette volonté affichée en haut lieu s'est heurtée à un terrain réfractaire aux changements. Un terrain travaillé depuis de longues décennies par les idées rétrogrades qui placent la pratique sportive - celles des filles notamment - dans les chapitres à bannir. Depuis peu, les choses commencent à bouger concernant la prise en charge du sport scolaire. Espérons que les vieux démons du statut quo ne reviendront plus pourrir la vie scolaire de nos enfants et les priver de nouveau des bienfaits - ô combien essentiels - de l'éducation physique et sportive. C'est sur les bancs d'écoles que se forment les futurs sportifs, supporters et dirigeants. Ne dit-on pas que le sport est l'une des meilleures écoles de civisme, pourvoyeuse de valeurs citoyennes ? Le sport à l'école constitue en réalité le terrain d'application idéal pour les leçons d'éducation religieuse et morale dispensées entre les quatre murs de la classe. Des leçons qui n'ont nul besoin d'être évaluées sur papier lors des compositions : l'observation des élèves lors des séances d'EPS suffit largement. Ce principe pédagogique élémentaire verra-t-il le jour en Algérie ?