Dans son exposé « L'Université algérienne : histoire d'un naufrage », présenté au forum Les débats d'El Watan, Mohamed Ghlamallah, sociologue et chargé de cours à l'université d'Alger, a préféré, pour diagnostiquer l'échec de l'université algérienne, puiser dans le contexte historique. Ainsi, considère-t-il, l'Université algérienne constitue un prolongement de l'Université française aussi bien dans la méthode que dans la langue d'enseignement. Dans années 1970, relève-t-il, les effectifs universitaires s'étaient multipliés par 16, et ce, jusqu'à nos jours. « L'explosion démographique au sein de l'Université pose un défi pédagogique et institutionnel », dira le sociologue avec clarté et conviction. La réforme de 1971 a prévu une Université intégrée et pluridisciplinaire avec une évolution semestrielle et une pédagogie rationnelle. Cependant, rétorque le conférencier, la hiérarchie des valeurs a été inversée et les meilleures idées prônées par le réformateur ont été dénaturées par l'acteur administratif. « Au fil du temps, indique-t-il, le système d'enseignement s'est accru alors que la recherche pédagogique est restée dans un état embryonnaire. » A l'issue de cet aperçu historique, le sociologue appelle à rétablir la primauté pédagogique sur l'administratif. Conscient des enjeux historique et sociologique de toute refondation de l'Université, M. Ghlamallah indique que l'autonomie appelle une « révolution dans la pensée ».