Rien ne semble arrêter les étudiants de l'ISMAS après la sortie médiatique, dimanche dernier, de la ministre de la Culture. En effet, les étudiants de l'ISMAS comptent bien poursuivre leur mouvement de protestation jusqu'à la satisfaction totale de leurs revendications. Depuis le 24 février dernier, les étudiants de cet institut ont entamé une grève après avoir observé une grève de la faim dix jours auparavant au sein de leur institut. L'état de santé de trois d'entre eux a nécessité une évacuation à l'hôpital. Pour rappel, le ministère de la Culture a décidé de suspendre toutes les activités pédagogiques au sein de l'institut, et ce, jusqu'à nouvel ordre. Le gel des activités a été décidé après consultation des «hautes autorités» de l'Etat. C'est du moins ce qu'a précisé Rabah Hamdi, inspecteur général au ministère de la Culture, lors d'une conférence de presse animée au cercle Frantz Fanon, à Riad El Feth. Ce point de presse a été provoqué suite à la médiatisation à grande échelle de cette affaire de grève de la faim. «La décision de suspendre les cours et les activités pédagogiques à l'ISMAS n'est pas arbitraire ni unilatérale. Elle a été prise en coordination avec le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. La suspension des cours et des activités pédagogiques ne signifie pas la fermeture de l'ISMAS. Le but est de protéger les biens matériels de l'institut, la sécurité des étudiants et du personnel de l'établissement.» Le conférencier, accompagné du directeur de l'administration générale, Larbani Saïd, de l'inspecteur au ministère de la Culture, Samir Lahlou, et du directeur de l'ISMAS, Abdelaziz Benmahdjoub, a également indiqué que les étudiants ayant des absences répétées travaillent au noir dans des boîtes privées d'audiovisuel «qui les exploitent pour un maigre salaire et qui les manipulent à outrance. Ce sont ces boîtes qui sont derrière cette décision. Ce mouvement de protestation a été déclenché suite à l'annonce par l'administration de la tenue d'un conseil de discipline en date du 14 janvier pour sanctionner les absents». Si du côté du ministère de la Culture on estime que la loi et le règlement intérieur ont été appliqués, les étudiants grévistes ne mâchent pas leurs mots pour affirmer que la conférence de presse improvisée en urgence par leur tutelle «est une façon de dénigrer le mouvement et l'élan de solidarité qui se sont créés à l'ISMAS et de diviser l'opinion publique. Il y a d'énormes contradictions dans les propos avancés lors de cette conférence de presse. On soutient que les étudiants faisaient grève parce qu'ils étaient exclus et aujourd'hui les 15 étudiants renvoyés sont assignés en justice. Ce qui prouve que la grève a commencé avant l'exclusion desdits étudiants». Pour tous ces jeunes, il n'est pas question d'abdiquer en reprenant le chemin des cours le plus normalement du monde. Un étudiant en deuxième année tient à préciser que ce malaise ne date pas d'aujourd'hui. Il remonte à deux ans, lorsque la ministre de la Culture avait initié quatre ateliers relatifs au changement du DEUA en diplôme, la formation, les moyens techniques, les échanges et la participation aux activités culturelles. Un autre gréviste atteste que les propos de la ministre n'étaient que de la poudre aux yeux. «Elle a en sa possession tous les rapports sur ces ateliers. Elle avait promis de changer les choses. C'est l'effet contraire qui s'est produit. Nous demandons au ministère de la Culture d'honorer ses engagements relatifs à l'équivalence des diplômes, de prendre les mesures pour la mise en œuvre du système LMD (Licence-Master-Doctorat) dès la prochaine promotion. Nos revendications sont claires et précises. Nous sommes déterminés à continuer la grève», lance-t-il d'un ton animé. Il est à noter que les étudiants, qui en sont à leur douzième grève depuis 2011, ont d'autres revendications axées sur la formation, les programmes, les équipements, les moyens pédagogiques et la vie socioculturelle. Dans son 11e communiqué de presse, le bureau des étudiants s'interroge «sur cette marginalisation de la jeune génération d'artistes, des rescapés de la décennie noire dans une Algérie qui fête ses 50 ans d'indépendance ? Nous lançons un appel aux organismes des droits de l'homme pour venir et faire leur devoir et étudier ce cas. Nous avons besoin d'un médecin pour être en permanence avec les étudiants grévistes de la faim, car leur état s'aggrave.» Il est à noter que deux actions en justice ont été introduites auprès du tribunal d'El Harrach. La première, déposée par le directeur de l'ISMAS à l'encontre des étudiants grévistes, a été reportée à la semaine prochaine. Quant à la deuxième plainte, elle a été déposée par la ministre à l'encontre du bureau des étudiants. L'audience concernant cette dernière devait se dérouler hier en fin d'après-midi. Affaire suivre...