Le président tchadien Idriss Deby n'a finalement pas pu tenir sa promesse de maintenir au pouvoir son homologue centrafricain, François Bozizé Yangouvonda. Celui-ci a été renversé, hier matin, par les rebelles centrafricains de la coalition Séléka qui ont, par ailleurs, pris hier le contrôle de Bangui au terme d'une offensive éclair. Arrivé au pouvoir par les armes en 2003, François Bozizé, aujourd'hui âgé de 66 ans, est un ancien proche de l'empereur Jean-Bedel Bokassa. Il avait été élu président en 2005 et réélu en 2011 au terme d'un scrutin très critiqué par l'opposition. Honni également par la population qui lui reproche d'avoir dilapidé les richesses de la Centrafrique et de s'être enrichi sur son dos, il n'est plus apparu en public depuis une brève visite, jeudi derniers, à son allié sud-africain Jacob Zuma, à Pretoria. Plusieurs capitales occidentales le donnent d'ailleurs en fuite en République démocratique du Congo (RDC). A Bangui, les rebelles du Séléka avaient l'air, hier après-midi, d'avoir la situation bien en main. Ils se sont déployés dans l'ensemble de la capitale pour lancer les opérations de sécurisation et éviter les pillages. Pour parer à toute éventualité, les autorités françaises ont, pour leur part, annoncé avoir «renforcé» leur dispositif pour assurer la sécurité de leurs ressortissants présents en grand nombre dans la capitale centrafricaine. En tout, ce sont 600 soldats qui sont concernés par cette mission. Paris a cependant affirmé que les quelque 1200 Français en Centrafrique n'étaient «ni menacés, ni ciblés, ni visés, la France n'étant pas jugée partie prenante dans cette affaire, favorisant tel ou tel camp». La rébellion avait lancé une première offensive le 10 décembre dans le nord du pays et enchaîné victoire sur victoire face aux forces gouvernementales désorganisées, avant de stopper sa progression sous la pression internationale à 75 km au nord de Bangui. Le président français, François Hollande, avait à l'époque refusé son soutien au régime Bozizé, soutenu par le Tchad. Des accords de paix signés à Libreville le 11 janvier avaient ensuite débouché sur la formation d'un gouvernement d'union nationale composé de représentants du camp Bozizé, de l'opposition et de la rébellion. Mais arguant du non-respect des accords, les rebelles ont déclenché à nouveau les hostilités vendredi et déclaré vouloir mettre en place un gouvernement de transition s'ils prenaient Bangui. Anciennement colonisée par la France, la Centrafrique, dont le sous-sol regorge de richesses comme l'or, l'uranium, le pétrole et les célèbres diamants, est enclavée entre le Tchad, le Soudan, la RDC, le Congo et le Cameroun. Malgré toutes ces richesses, le peuple centrafricain reste l'un des plus pauvres d'Afrique.