Manou Gallo, en bonne «ambianceuse» africaine, est venue faire la fête à Constantine. Constantine. De notre envoyé spécial Feu à volonté, vendredi soir, à la salle du Théâtre régional de Constantine, où se déroule, jusqu'au 3 mai 2013, le 11e Festival international du jazz : Dimajazz 2013. Avec son Women band, orchestre de femmes, cette Ivoirienne de naissance et Belge d'adoption a exploré l'univers musical à sa manière. Jazz, blues, funk «secousse»...Des chansons extraites de ses trois albums, Dida, Manou Gallo et Lowlin. Manou Gallo, 41 ans, n'a jamais oublié ses racines africaines. Sur scène, elle le montre, le fait écouter, le fait sentir, le fait partager. Y compris lorsqu'elle compose une musique acoustique à partir d'une flûte ivoirienne. Avec sa basse, elle fait ressortir l'Afrique profonde, de ses tripes (Manou joue aussi du djmebé), avec fierté. Manou Gallo a commencé à jouer du tambour dans un village près de Divo, à l'ouest de la Côte d'Ivoire, à l'âge de huit ans. «Chez nous, les femmes n'ont pas le droit de le faire.
On peut dire que j'ai un don. Ma grand-mère m'a soutenue. J'ai adopté la basse, car c'est un instrument rythmique et harmonique en même temps. Mon rêve était toujours de monter un groupe de femmes, j'ai fait une audition. Et j'ai formé la bande», a-t-elle déclaré, lors de la conférence de presse, après le concert. Sur scène, Manou Gallo est accompagnée de la Danoise, Lene Christensen, au chant, la Suédoise, Anja Nauller, au violoncelle, la Française, Virna Nova, à la guitare, et Christophe à la batterie. Lene Christensen chantait avec Manou Gallo dans le groupe Zap Mama. «Toute ma musique tourne autour du rythme. Je voulais la présence du violoncelle, même si cet instrument ne fait pas partie de ma culture. C'est une manière pour moi de m'ouvrir à d'autres sonorités (...) Ici à Constantine, dès les premières notes, on sent que le public est avec nous. En Afrique, le public est chaud ! Je n'aime pas le mot world music, je fais une musique où il y a de tout. Sur scène, je veille à ce qu'on joue et on s'amuse ensemble. Il n'y a pas de star ! C'est un jeu collectif. C'est de cette manière que je ressens la musique», a-t-elle dit. Manou Gallo, qui a commencé sa carrière avec le groupe Woya dans les années 1980, continue son combat pour les droits des femmes africaines à travers ses expériences musicales. «Je vais bientôt m'enfermer pour préparer un album. J'ai envie de quelque chose de nouveau, de changer un peu», a-t-elle annoncé. Elle a rendu hommage aux chanteuses Myriam Makéba et Aïcha Koné. «Elles nous ont montré la voie. Nous étions toutes petites et nous rêvions de faire comme elles. Elles restent un exemple pour nous, même si nous avons pris un autre chemin, puisque les instruments ne sont plus les mêmes», a souligné Manou Gallo.