Entrés en grève le 16 avril dernier pour « protester contre le non reversement des 10% représentant la cote part échue aux travailleurs par le « SGP-CEGRO », selon les termes du contrat de vente passé entre le repreneur des moulins de Mahdia et le propriétaire, le groupe Eriad-Tiaret qui englobe plusieurs filiales, les 240 travailleurs ont été doublement surpris quelques jours seulement après le mouvement de débrayage. Au verrouillage des portes d'accès par le patron du « groupe MEGID », s'appuyant lui sur une disposition dite « lock-out », est venue s'adjoindre la décision du magistrat près le tribunal de Tissemsilt qui vient de décider de l'illégalité de la grève. Une situation problématique qui met mal à l'aise l'ensemble des protagonistes bien que, soutient-on, « les travailleurs n'avaient pas souscrit aux procédures en vigueur en matière de relation de travail ». L'arrêt de travail décidé par le syndicat-UGTA des moulins de Mahdia a été jugé même infondé du moment que la responsabilité du repreneur quant à l'application des dispositions de l'ordonnance 01/04/ du 20/08/2001 relative à l'organisation, la gestion et la privatisation des EPE ne lui incombait pas. Actions sans droit de vote Bien plus, diront nos sources, « manquait à cette ordonnance des modalités d'applications pratiques à fixer par voie réglementaire ». Autrement dit, les travailleurs auraient du, comme précisé dans le contrat de cession, attendre la signature par la chefferie du gouvernement. C'est ce qu'avait entrepris, pour accélérer le processus, le SGP à l'endroit des autorités centrales mais une question subsiste. Pourquoi toutes ces lenteurs ? Moins d'une année après sa privatisation, renchérit un responsable, « le repreneur, bien qu'ayant versé 20% du montant global de la cession dont ces fameux 10 % pour lesquels achoppent l'interprétation fidèle, le groupe représenté par son PDG veille toujours au contrôle des engagements conclus ». L'article 28 stipule : « Les salariés des entreprises publiques éligibles à la privatisation totale bénéficient à titre gracieux de 10% maximum du capital de l'entreprise concernée. Cette quote-part est représentée par des actions sans droit de vote, ni de représentation au conseil d'administration. On parle bien donc de « privatisation totale », de maximum à verser, d'actions et en tant que de besoin... ». D'où la sortie (inopportune ?) des travailleurs qui parlent eux de « complicités » mais avancent l'idée de « préjudices sur la production et la commercialisation des produits que causerait la grève ». Au milieu de ce tumulte, les 240 travailleurs des moulins de Mahdia, fleuron de l'industrie agroalimentaire, auront tout le temps pour réfléchir sur un piège qui leur a été tendu.