La troupe du théâtre régional d'El Eulma a présenté, avant-hier, au théâtre régional de Constantine (TRC) la générale de «Rihlat kitar» (voyage en train), -une pièce adaptée de l'œuvre du grand nouvelliste et dramaturge égyptien Tewfiq Al-Hakim (1898-1987)-, mise en scène par Ahmed Belkaïssaria et adaptée par Abdallah Bencherif. Ce dernier nous livre la genèse de la pièce, selon sa vision : «N'apercevant pas de signalisation ferroviaire, le mécanicien et son aide décident d'arrêter le train pour s'en assurer. Ils voient chacun un panneau clignotant au loin, mais pour l'un celui-ci est rouge, et donc il y aurait danger à poursuivre le voyage, et pour l'autre il est vert, ce qui signifie que la voie est libre. Ils prennent alors pour arbitres les voyageurs, hommes et femmes de toutes les couches de la société. Même chose. Les uns voient rouge et les autres vert ; s'ensuit une situation confuse, pleine de quiproquos, où les velléités des uns et des autres sont dévoilées, où des couples se nouent et se dénouent, où l'absurde de la vie apparaît dans toute son ampleur. Le train de la vie, vont-ils le prendre, ou partira-t-il sans eux ? Entre-temps, un danger imminent guette les voyageurs : l'express va bientôt arriver ; il risque de tout emporter sur son passage.» Et le spectateur de comprendre l'allégorie. Aura-t-on le courage de décider ? prendra-t-on le train de la vie à temps ? L'on élude, tergiverse, palabre…pour se trouver mille et une raison de se désengager d'une responsabilité jamais assumée. Une caricature d'une microsociété frileuse, absurde, où les êtres humains sont soit des ombres chinoises, soit des marionnettes. Mais il faut reconnaître que l'évolution scénique de ces onze jeunes comédiens (dont deux jeunes filles), reste quand même intéressante en dépit d'une certaine maladresse dans le jeu, notamment par rapport aux intonations vocales induites par des situations diversifiées.