La vue sur K'sena, une petite localité relevant de la commune d'El Hachimia, à une vingtaine de kilomètres au sud de Bouira, est d'une beauté époustouflante. Au premier plan, la station thermale de K'sena, appelée communément Hamam Freksa, est entourée par des paysages féeriques que lui offre la forêt. Hélas, depuis des années, ce panorama de rêve, un atout que la population locale faisait prévaloir en matière de tourisme, a été réduit à néant durant les années du terrorisme islamiste. Sous la pression des groupes terroristes, des familles entières n'avaient pas d'autres choix que de quitter la région en allant s'installer dans d'autres contrées du pays. Les quelques habitants qui ont décidé de regagner leur village après des années d'un exode forcé, se rappellent toujours de l'embuscade criminelle qu'avaient dressée, en 1996, des groupes islamistes armés sur la route reliant le village au chef-lieu communal d'El Hachimia. Pas moins de 14 personnes y furent assassinées. «A cette époque, personne n'avait le courage d'emprunter cette route, y compris dans la journée. Des familles étaient alors obligées de fuir le village en abandonnant tout», se rappelle un villageois en expliquant au premier responsable de la wilaya, lors de sa récente visite d'inspection sur les lieux, le marasme dont souffrent les habitants. La pauvreté, le chômage et l'absence d'infrastructures de base font le décor de cette localité à vocation touristique. Ces manques font ternir davantage l'image de la carte postale que les pouvoirs publics veulent offrir à tout prix aux visiteurs et touristes qui viennent à la station thermale de la région. Le village n'a pas la moindre commodité à faire valoir pour prétendre recevoir des touristes nationaux ou étrangers. «Cette localité n'est même pas alimentée en eau potable, alors que les routes d'accès sont impraticables», dira Hamid, un habitant. Ainsi, dans ce village, ajoute notre interlocuteur, les familles sont obligées de s'approvisionner en eau, et y compris en hiver, à partir de sources naturelles et de puits, pour ceux qui en possèdent. Les enfants sont scolarisés au chef-lieu communal, du fait que l'école primaire du village est restée toujours fermée. «Nos enfants, qui ne bénéficient pas du transport scolaire, sont obligés de rester à la maison lorsqu'il y a la pluie, étant donné qu'il n'y a pas également de ligne de transport public pour cette localité», racontent des villageois. Ils feront part également du problème du chômage qui lamine particulièrement les jeunes. Au niveau de cette bourgade, au moins cinq carrières d'agrégats sont en exploitation, mais, selon nos interlocuteurs, pas un villageois n'y travaille. «Les exploitants de ces mines ramènent de la main d'œuvre des autres régions. La nôtre y est exclue», déclare un jeune, précisant que le peu de postes d'emplois offerts sont ceux de la station thermale de K'sena. Pour parer à cette situation à laquelle est confrontée la population, les pouvoirs publics, qui tentent de rattraper le retard, prévoient de lancer plusieurs projets, notamment dans le domaine du tourisme, telle que l'extension de la zone touristique, par exemple. Un plan d'aménagement de 32 hectares a été envisagé. Selon le bureau d'étude chargé du dossier, «l'étude est en cours, une fois le dossier achevé, des assiettes de terrain seront affectées aux investisseurs pour procéder au lancement de plusieurs projets, dont l'implantation de chalets, d'un hôtel et d'un restaurant». L'objectif de ce projet vise à renforcer aussi l'activité thermale existante. Par ailleurs, les autorités comptent doter le village d'une école primaire et d'un centre de soin en remplacement des anciennes structures, emportées par les eaux en crue de l'oued il y a de cela une dizaine d'années.