Ali Silem expose à Alger depuis jeudi, après 13 années passées loin des cimaises de son pays. Cette rétrospective des « œuvres récentes » donne à admirer du 28 avril au 18 mai à la Galerie art en liberté de Kouba* une explosion de couleurs que l'artiste à amalgamées dans son atelier d'Angers (France). L'acrylique utilisé pour faire pousser les fleurs qui s'ouvrent sur la terre et qui ont fait le voyage jusqu'à ces lieux chargés de souvenirs encore palpitants a servi de matériau à d'autres créations lumineuses même si parfois les anges peuvent être « tristes ». Le vernissage de cette exposition qui a eu lieu jeudi à 15 h n'est pas la seule activité du peintre. Lundi, grâce au concours actif de l'association Mémoire méditerranée, Ali Silem a déjà donné une conférence intitulée « Peintres et poètes de la Méditerranée, complicités créatrices » au cercle Franz Fanon de Riad El Feth pour parler d'un thème qui lui est particulièrement cher : le livre. Mais il s'agit ici d'un aspect fort original de l'édition. Mûri par l'expérience, l'engagement et l'exil, le peintre relève le défi de s'engager sur les sentiers qui ne sont battus que par ces outsiders qui osent faire ou dire des choses qui n'agréaient pas les maîtres de céans. C'est en effet de la paralittérature, « underground », dira Silem, qu'il s'agit. Ce sont ces livres atypiques, exceptionnels parce que hors normes, voire parfois clandestins, édités à compte d'auteur ou tout bonnement ronéotypés en quelques exemplaires pour être distribués de main à main, sous le manteau, entres les amis et les connaissances ou de ceux qui n'existèrent qu'à un seul exemplaire. Ces œuvres ont parfois vécu d'heureux destins grâce à la complicité d'un écrivain et d'un peintre. En effet, le livre est illustré par de véritables peintures qui accompagnent ainsi le texte dans une complicité qui est parfois ancienne provoquant une démarche dans laquelle se conjuguent des expériences de créations différentes. Ainsi traité, le livre évolue et devient œuvre d'art. Silem qui lui-même a trempé, apparemment avec délice et satisfaction dans ce genre de compagnonnage, cite avec nostalgie une profusion de noms de poètes, de peintres et d'écrivains : Abdelhak Belanteur (qui a illustré plus de 300 livres), J. Senac, Koraïchi et Dib, Denis Martinez, Kateb Yacine, Issiakhem, Laghouati, Abdeddaïm Oussama et tant d'autres.