Mais que vient faire à Constantine le PDG de la société des Eaux de Marseille (SEM), Loïc Fauchon? La question était jeudi dernier sur toutes les lèvres, notamment du coté de la presse, sachant que l'ancien président du conseil mondial de l'eau n'a pas mis les pieds à Constantine depuis 2010. C'était au mois de mars, suite à une sévère mise en demeure publiée dans plusieurs quotidiens nationaux, adressée le 1er février 2010 par le gouvernement algérien à la Seaco pour non-respect des clauses du contrat, signé avec la partie algérienne, mais aussi suite aux critiques de l'ex-ministre des Ressources en eau qui n'est autre que l'actuel Premier ministre Abdelmalek Sellal, quant à la qualité de la gestion de l'eau à Constantine. Une mise en demeure qui a provoqué à l'époque un véritable séisme à la SEM et qui risquait de perdre un marché très juteux estimé à 27,8 millions d'euros, décroché au mois de juin 2008 et qui devait prendre fin au mois de décembre 2013. Finalement, la visite de Loïc Fauchon a permis de donner un sursis à la Seaco. Convié jeudi dernier à une conférence de presse à la salle El Mizania de la cité Boussouf, en présence du patron de la SEM, du PDG de la Seaco, Michel Vallin et de son staff, le parterre de journalistes est resté sur sa faim. Hormis les explications des responsables de la Seaco sur les objectifs obtenus et les perspectives à court et moyen terme pour l'amélioration du ratio en eau de la population constantinoise, des questions brûlantes comme la reconduction du contrat de la Seaco qui s'achève dans huit mois, mais aussi les conflits sociaux qui surgissent ponctuellement entre la direction et certains travailleurs sont restées en suspens. Le PDG de la SEM n'a éludé aucune de ces questions. Un avenir en jeu Loïc Fauchon s'est montré parfois évasif dans son discours s'agissant notamment de l'avenir de la Seaco à Constantine en renvoyant la balle au ministère de tutelle et au wali sans omettre d'ajouter qu'il a évoqué la possibilité de débattre de la coopération future entre la SEM et la ville de Constantine avec le ministre de tutelle. «Nous pensons qu'il faut continuer et ne pas s'arrêter au milieu du Rhummel. Nous manifestons ici notre envie de continuer pour que Constantine soit une ville «abreuvée» en 2015. Nous ferons des propositions au ministre et nous oeuvrerons en même temps à réaliser un service public de référence à Constantine en matière de gestion des ressources en eau d'autant que la ville doit abriter prochainement un événement d'envergure à savoir la manifestation Constantine capitale de la culture arabe», dira-t-il. Le patron de la SEM ne manquera pas de rappeler que son groupe «va consacrer plus de temps et d'énergie pour le transfert du savoir-faire au personnel de la Seaco et au-delà l'autonomie aux responsables algériens». Pour ce qui concerne les conflits sociaux, Loïc Fauchon dira : «je soutiens le PDG de la Seaco dans ses décisions. Nous ne voulons pas que des querelles syndicales retardent la mission de la Seaco même si les travailleurs ont le droit de porter leurs contestations». Michel Vallin, le PDG de la Seaco, qui s'est penché sur les sujets liés à l'exploitation et l'investissement en matière d'AEP à Constantine fera remarquer que le réseau est en mauvais état affirmant que des travaux seront engagés l'année prochaine pour réhabiliter 140 km de conduites. «Des actions complémentaires en matière d'assainissement sont nécessaires pour que Constantine soit aux normes internationales», souligne-t-il. Au-delà du discours affiché, la Seaco ne cesse de connaître trop de difficultés sur le terrain, avec des prestations de services qui sont loin de faire l'unanimité au sein d'une population fatiguée par d'éternelles coupures d'eau. Pour l'histoire, lors de sa visite en 2010, Loïc Fauchon avait déclaré à la presse : «Au bout de ce contrat, Constantine aura sa gestion d'eau moderne, avec des robinets alimentés H24, et nous assurerons un transfert de savoir-faire comme ne cesse de le revendiquer la partie algérienne». Après cinq ans de gestion déléguée de l'eau, les choses sont loin de l'être sur le terrain. Des cités entières sont parfois privées d'eau pendant plus de dix jours, l'eau ne monte toujours pas aux étages supérieurs dans d'autres quartiers, les dysfonctionnements dans les réseau sont devenus trop courants, des abonnés qui continuent de payer au forfait car la Seaco n'est toujours pas en mesure de leur installer un compteur, et l'eau H24 n'est qu'un rêve lointain.