Le directeur général adjoint de Lafarge Algérie, Iqbal Omar, revient dans cet entretien, sur la situation du marché algérien du ciment et évoque à cette occasion les investissements consentis par l'entreprise pour augmenter sa production, mais aussi pour améliorer les gammes de produits et les systèmes productifs à travers l'ouverture du premier laboratoire de recherche en Afrique, prévu en septembre prochain dans la localité de Rouiba à Alger. -Quel regard portez-vous sur le marché du ciment actuellement en Algérie ? C'est un marché qui enregistre, annuellement, une demande d'environ 22 à 23 millions de tonnes. La production mise à disposition est de 20 millions de tonnes. Il y a donc un déficit d'un peu plus de 2 millions de tonnes. Le manque de capacité de production est évident et cela provoque des pénuries. Mais il y a quand même des compensations à travers des importations. -Certains opérateurs appellent justement à aligner le prix du ciment sur ceux pratiqués sur le marché international pour favoriser les importations et lutter contre les pénuries. Qu'en pensez-vous ? Je ne commenterais pas l'avis de ces opérateurs qui appellent à encourager les importations, mais je dirais qu'un des bons moyens de lutter contre ces pénuries c'est d'augmenter les capacités de production locales. En ce qui nous concerne, nous sommes en train d'investir pour la réalisation d'une troisième cimenterie à Biskra qui verra son démarrage fin 2015, début 2016. En matière de production, en 2012, nous avons mis à la disposition du marché plus de 8 millions de tonnes de ciment gris, en sac et en vrac. Nous avons également une ligne de ciment blanc qui produit jusqu'à 500 000 tonnes. -La défaillance du réseau de distribution n'est-elle pas, en partie, à l'origine des pénuries ? Notre propre réseau de distribution, composé de huit centres, contribue, en tout cas, à rendre le ciment disponible au plus près des utilisateurs finaux, qui sont les entrepreneurs et les particuliers auto-constructeurs. Nous comptons également inaugurer trois autres centres à Sidi Bel Abbès, Ouargla et Béchar. -Comment gérez-vous la tension actuelle sur le ciment ? La pression est là, mais nous essayons de répondre au mieux aux besoins des utilisateurs à travers tous les efforts déployés pour augmenter nos capacités de production. Nous produisons 8 millions de tonnes mais, avec les investissements engagés, nous allons produire plus. -Quels sont vos projets lancés en partenariat ? Nous continuons notre développement avec des partenaires, comme Silas pour notre usine de Biskra, avec la formule 51% pour le privé algérien et 49% pour Lafarge. Sa capacité de production sera de 1,5 à 2 millions de tonnes de ciment par an. Le nombre d'emplois à créer pourra atteindre jusqu'à 2000 emplois directs et indirects. Nous sommes également très fiers d'être en partenariat avec l'usine de Meftah appartenant au groupe Gica qui vient d'atteindre le record de production d'un million de tonnes de ciment. C'est une collaboration qui a trait à l'augmentation des capacités de production, le dégoulottage et l'investissement sur le réseau électrique de l'usine. Nous avons également un projet pour augmenter encore plus la production de l'usine avec une ligne supplémentaire. Sans oublier bien entendu l'aspect transfert de technologie, de savoir-faire et formation. -Qu'en est-il du volet recherche et développement ? Nous sommes partis du principe, qu'au-delà du ciment, il faudrait trouver des solutions à mettre à la disposition du client final et des différents corps de métiers utilisant ce matériau pour construire mieux, durablement, plus rapidement, en qualité, au moindre coût et sans tuer l'esthétique. Cet été nous terminerons la réalisation du laboratoire de développement de recherche des systèmes constructifs dont l'inauguration se fera en septembre prochain. C'est le quatrième du groupe Lafarge et le premier en Afrique. Il emploiera une vingtaine de personnes spécialisées dans tous les corps de métiers pour tester de nouvelles gammes de ciment, de béton et des systèmes constructifs à base de coffrage et de préfabrication. Le but est de parvenir à trouver des solutions pour mieux déployer les matériaux sur les chantiers et mieux organiser la construction. Car, pour gagner en rapidité et en qualité, il faut une méthodologie de chantier. Nous allons donc tester, grandeur nature, des matériaux mais également des murs et nous avons déjà commencé avec des formations pour maçons et nous comptons développer d'autres formations diplômantes plus reconnues dans la certification professionnelle.