Les autorités locales de la médina d'Alger tiennent à ranimer la ville en nocturne. Ils ont beau s'égosiller pour redonner un semblant de «haraka» à la cité, en exhortant les commerçants des artères principales à rester ouverts le soir. L'exécutif de wilaya planche sur la question depuis quelques années sur une ville morne et sans attrait aucun le soir. Au-delà de 18h-19h, le quidam de passage à Alger trouve toutes les peines du monde à pouvoir s'attabler à une terrasse de café. Un travailleur qui quitte son job à cette heure butera contre les caprices du transporteur public, notamment celui du secteur dit privé et sera donc fort embarrassé pour regagner ses pénates en banlieue d'Alger ou dans une wilaya limitrophe. Quand bien même l'Etusa assure le service le soir, elle n'assume pas toutes les dessertes. Et à charge, donc aux petites gens de recourir au «clandestin» pour rejoindre leurs chaumières, sinon passer la nuit chez un proche. Passée cette plage horaire (18h-20h), seuls quelques banlieusards arriveront à bon port grâce au tram tandis que les habitants de Ouled Fayet, Souidania et autres résidants du cordon du Sahel non véhiculés, pour ne citer que ceux-là, se verront astreints de débarrasser le plancher de leur lieu de travail en fin d'après-midi au risque de se voir bloqués dans les bastions de bus et d'autocars du centre-ville de la «aâssima». Le moyen de locomotion ferroviaire n'est pas en reste, ne jugeant pas utile d'étendre son tableau horaire pour servir l'usager. Celui qui loge à Boufarik ou Draâ Ben Khedda doit déguerpir de la capitale avant 18h30. Et passe encore du service-taxi qui ne vous embarque dans son carrosse que si l'itinéraire l'arrange, sinon il vous propose un tarif à vous couper le souffle. Fermons la parenthèse et méditons sur la question aussi lancinante que sourde, celle qui nous renvoie à l'histoire de l'œuf et du poussin. Qui de ces deux derniers est venu au monde en premier… Avant l'autre. Faudra-t-il prier les familles d'abord, à sillonner les rues en soirée pour redonner de la vie à la ville ou s'agit-il d'obliger les gérants de magasins, à ne pas baisser rideau pendant une partie de la soirée pour aguicher de potentiels chalands ? Complexe est la réponse tant les gens de la cité d'In Mezghenna ont pris le pli et cela depuis des décennies à se cloîtrer chez eux dès les premières lueurs des vêpres. Une culture qui s'est établie dans le temps, non sans forger des réflexes de sédentarité, car très peu de gens sortent le soir, sinon pour aller assister à une représentation théâtrale ou se délecter d'une prestation musicale au Mougar, TNA ou Ibn Zeydoun. Même Riad El Feth n'est plus ce qu'il était aux premières années ayant suivi son inauguration en 1982. Un coin désert, plein de vide et par endroits mal famé, disent certaines familles qui ont fini par ne plus s'aventurer dans ces lieux. En attendant, qui des deux a donné naissance à l'autre, l'œuf ou le poussin, la tristesse de la capitale le soir requiert de dresser un bon diagnostic pour une réelle réactivation.