Le rythme de l'inflation en moyenne annuelle a entamé une timide courbe descendante pour un deuxième mois consécutif en mars 2013, selon les dernières données, livrées la semaine dernière, par la Banque d'Algérie (BA). Une tendance que devraient confirmer les chiffres du deuxième trimestre 2013, mais qui risque fort d'être à nouveau contrariée par les traditionnelles flambées des prix ; indissociables des pics de consommation et des pratiques de spéculation propres au mois de Ramadhan. Le gouverneur de la BA soutient, lui, que les poussées inflationnistes en période du Ramadhan ne sont que saisonnières, tandis que le rythme annuel de l'inflation est bel et bien entré dans une phase de décélération. Du moins par rapport au pic historique de l'année écoulée, où il a frôlé le seuil alarmant de 10%. Dans sa dernière note de conjoncture, l'institution monétaire souligne ainsi qu'après une hausse ininterrompue pendant 19 mois, soit de juillet 2011 à janvier 2013, le taux d'inflation en moyenne annuelle s'est établi à 8,07% en mars dernier, contre 8,56% en février, 8,91% en janvier et 8,89% en décembre 2012. La BA, qui annonce officiellement la fin des pics d'inflation de l'année précédente, explique que compte tenu de la réduction des dépenses courantes de l'Etat (dépenses de personnel dans la loi de finances de 2013), il est probable que la demande de consommation courante n'augmente pas substantiellement pour l'exercice en cours. Aussi, prévoit la même institution, les premières prévisions effectuées en mars écoulé «indiquent que l'inflation de 2013, en moyenne annuelle, serait bien inférieure au taux atteint en 2012». Deux raisons d'espérer une moindre inflation pour cette année, selon l'analyse de la BA : en premier lieu, les facteurs ayant provoqué le choc de demande de 2012 ne sont plus opérants en 2013, et en second lieu, les autorités monétaires ont bien veillé à résorber les excès de liquidités qui participent à alimenter les poussées inflationnistes. En ce sens, lit-on dans la note de conjoncture du premier trimestre 2013, «eu égard au niveau élevé de l'inflation enregistré au cours de l'année passée, la Banque d'Algérie a introduit dès la mi-janvier 2013 un nouvel instrument de politique monétaire, à savoir la reprise de liquidités à six mois à un taux de rémunération de 1,50%». Des excès de liquidités bien absorbés et une consommation courante moins accrue en l'absence de nouvelles hausses salariales, voilà en somme ce qui fait pronostiquer à la BA moins d'inflation en 2013. Sauf qu'aux côtés de l'inflation d'origine monétaire, les récurrentes et soudaines hausses des prix intérieurs sont aussi provoquées par des pratiques spéculatives qui faussent souvent les prévisions officielles. Cet impondérable risque en effet de continuer à peser lourdement sur le rythme de l'inflation, même si la Banque centrale préfère en atténuer l'impact, en soulignant que «les imperfections du marché, même si elles demeurent, n'auront probablement plus le même effet amplificateur qu'elles avaient auparavant en l'absence de choc de demande». Force est donc de supposer que dès le prochain mois de Ramadhan, les traditionnelles pratiques spéculatives risquent fort de faire repartir l'inflation à la hausse, quelle que soit la politique monétaire servie par la Banque d'Algérie.