Invité, jeudi dernier, pour éclairer les députés sur cette importante question, le ministre des Finances, Mourad Medelci, a entamé son exposé en annonçant, tout d'abord, le nouveau palier franchi par nos réserves de changes qui a atteint le montant de 62 milliards de dollars à fin mars 2006, soit pas moins de 6 milliards de dollars de plus qu'à la fin de 2005. Devant un hémicycle quasi vide, le ministre des Finances a ainsi expliqué que l'exploitation de ces réserves sur les marchés financiers internationaux par la Banque d'Algérie se fait « conformément aux critères de gestion des réserves de change tels qu'adoptés par le conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) en septembre 2001 et appliqués par toutes les banques centrales de par le monde ». Selon M. Medelci, les investissements opérés par la Banque d'Algérie sur les marchés financiers internationaux visent à assurer une « bonne rentabilité à moyen terme tout en prenant en considération les critères de liquidité et du risque ». Par critère de liquidité, le ministre a expliqué qu'il signifiait « la possibilité de céder les instruments financiers dans lesquels on investit sans que cela induise de grandes pertes ». Quant au critère des risques, il englobe à la fois les risques de change, de crédit et du marché. Concernant le risque de change, il découle, selon le ministre, « des répercussions de l'instabilité des parités entre les monnaies constitutives des réserves de changes du pays ». Dans ce sens, la gestion des risques se fait, ajoute-t-il, « à travers l'élaboration d'une composition équilibrée des devises » constituant les réserves de changes, tout en prenant en compte à la fois la composition en devises des paiements opérés par l'Algérie vers l'étranger et les grandes orientations du marché mondial des devises. Abordant le risque du crédit, le ministre a souligné que ce type de risque signifie soit l'éventualité d'une incapacité de certaines banques étrangères à restituer les dépôts qui y ont été opérés par la Banque d'Algérie, soit l'incapacité de certains pays ou institutions financières internationales à rembourser les obligations qu'ils ont émises et que la Banque d'Algérie utilise comme moyen d'investissement des réserves de changes. Pour assurer une meilleure gestion possible de cette catégorie de risques, fait-il savoir, la Banque d'Algérie restreint ses placements dans les banques classées parmi les plus performantes mondialement et fixe pour chacune d'elles un montant plafond de placement. Poursuivant ses explications, M. Medelci a indiqué que le risque de marché représente, quant à lui, l'impact de toute perturbation des taux d'intérêt sur les marchés financiers mondiaux. Ce risque est géré à travers les délais de placement des fonds et le type des instruments financiers placés. Quant à l'utilisation des réserves de changes, le ministre a souligné que celles-ci étaient affectées, en premier lieu, à la couverture des paiements extérieurs (service de la dette, importations de biens et services et tout autre transfert vers l'extérieur). Ces réserves sont, en outre, destinées à la constitution d'un « matelas de devises » servant à assurer la sécurité financière du pays contre les effets d'un choc extérieur tels une détérioration brusque du marché pétrolier, une hausse exceptionnelle des prix des biens et des services importés ou encore un tarissement des liquidités sur les marchés financiers mondiaux. L'Intérêt du remboursement par anticipation En réponse à une question orale posée par le député Makhlouf Ben Omar sur les objectifs et l'intérêt attendu par l'Algérie du remboursement par anticipation de sa dette extérieure dont le stock, faut-il le rappeler, a été ramené à 15,5 milliards de dollars, Mourad Medelci a expliqué que le paiement par anticipation de notre dette extérieure entre dans le cadre « de la gestion active de cette dette ». Il indiquera que le remboursement anticipé a été entamé en 2004 par le paiement de 12 crédits contractés auprès de la Banque africaine de développement (BAD). Une opération qui a permis, selon le ministre, « de générer, au titre de l'année 2004, un gain de 187 millions de dollars à l'avantage de l'Algérie ». Les remboursements par anticipation au profit de la BAD ont totalisé, en 2004, la somme de 633,8 millions de dollars, au lieu de 821,3 millions de dollars si les crédits avaient été payés aux échéances initiales, a-t-il précisé. Ce gain provient simplement des économies réalisées sur le paiement des intérêts, des commissions et autres charges financières rattachées à tout crédit. Quant aux crédits contractés auprès de la Banque mondiale, l'Algérie a également remboursé par anticipation 22 crédits pour un montant global de 652 millions de dollars, a encore signalé le ministre. A l'instar de ce qui a été réalisé avec la BAD, le remboursement anticipé des crédits de la Banque mondiale a permis à l'Algérie d'économiser un montant de 121,35 millions de dollars puisqu'elle n'a payé que 652 millions de dollars au lieu de 773,35 millions de dollars prévus initialement. Faisant le bilan général du paiement par anticipation opéré par l'Algérie à l'égard de l'ensemble des institutions financières multilatérales créancières, M. Medelci a indiqué que l'Algérie a remboursé avant terme un montant de 1,215 milliard de dollars au titre de l'année 2005. En outre, l'Algérie rembourse actuellement par anticipation un montant de 2,655 milliards de dollars sur un montant total de 3,107 milliards de dollars que le pays aura totalement payé d'ici l'été 2006, a-t-il assuré. Par ailleurs, le ministre a confirmé que les négociations avec le Club de Paris allaient commencer le 10 mai dans la capitale française en vue de négociations sur le remboursement par anticipation de la dette extérieure rééchelonnée de l'Algérie. S'agissant enfin des crédits contractés par l'Algérie auprès des institutions financières internationales (en dehors des Clubs de Paris et de Londres), le ministre a annoncé qu'ils seront remboursés en totalité d'ici l'été prochain.