Devant les députés, le ministre des Finances, M. Mourad Medelci, a expliqué le mode de gestion des réserves de change sur les marchés financiers internationaux. Il a, en outre, fait le point des opérations de la conversion de la dette extérieure algérienne en investissements. Les réserves de change ont atteint 62 milliards de dollars à la fin du mois de mars dernier. C'est ce qu'a annoncé, hier, le ministre des Finances, M. Mourad Medelci, en répondant à des questions orales posées par des députés. Pour rappel, elles étaient de 61 milliards de dollars à fin février 2006 et de 56,18 milliards de dollars à fin 2005 faisant ainsi un bond de près de 6 milliards de dollars en l'espace de trois mois. Une source spécialisée a affirmé a Liberté (voir l'article N. Ryad publié jeudi dernier), que les réserves de change pourraient atteindre 80 milliards de dollars à fin décembre prochain dans le cas de la poursuite de la flambée actuelle des prix du pétrole. Les réserves de change ne dorment pas dans les caisses de l'état Le ministre des Finances a expliqué aux députés le mode de gestion des réserves de change sur les marchés financiers internationaux, par la Banque d'Algérie. Les réserves de change ne dorment pas dans les caisses de l'état. D'une manière générale, elles sont placées dans des bons du Trésor américain et dans des banques sûres classées AAA. Du coup, elles procurent chaque année de nouvelles entrées du fait du produit des intérêts de ces placements. M. Mourad Medelci précise que l'exploitation de ces réserves sur les marchés financiers internationaux par la Banque d'Algérie se faisait conformément aux critères de gestion des réserves de change tels qu'adoptés par le conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) en septembre 2001 et appliqués par toutes les banques centrales de par le monde. Généralement, cette gestion répond à trois impératifs : la sécurité, la stabilité et la liquidité, de manière à ce qu'elles soient à l'abri des fluctuations et des spéculations des marchés financiers. D'où l'intérêt des banques centrales pour les obligations souveraines ou les bons de Trésor de pays du G7. Cependant, si ce type de placement garantit le capital avec pour principe le risque zéro, le rendement en est plus faible que sur les marchés financiers. Le risque encouru est soit l'éventualité d'une incapacité de certaines banques étrangères à restituer les dépôts qui y ont été opérés par la Banque d'Algérie, soit l'incapacité de certains pays ou institutions financières internationales à rembourser les obligations qu'ils ont émises et que la Banque d'Algérie utilise comme moyen d'investissement des réserves de change. M. Medelci soutient que les investissements opérés par la Banque d'Algérie visent à assurer une “bonne rentabilité à moyen terme tout en prenant en considération les critères de liquidité et du risque”. Pour assurer une meilleure gestion possible de cette catégorie de risques, estime le ministre, la Banque d'Algérie restreint ses placements dans les banques classées parmi les plus performantes mondialement et fixe pour chacune d'elles un montant-plafond de placement. Quant à l'utilisation des réserves de change, le ministre a souligné que celles-ci étaient affectées, en premier lieu, à la couverture des paiements extérieurs (service de la dette, importation de biens et services et tout autre transfert vers l'extérieur). Ces réserves sont, en outre, destinées à la constitution d'un “matelas de devises” servant à assurer la sécurité financière du pays contre les effets d'un choc extérieur tels une détérioration brusque du marché pétrolier, une hausse exceptionnelle des prix des biens et des services importés ou encore un tarissement des liquidités sur les marchés financiers mondiaux. Le point sur la conversion de la dette extérieure algérienne en investissements Le ministre des Finances, M. Mourad Medelci, a fait, par ailleurs, le point sur la conversion de la dette extérieure algérienne en investissements sur la base des accords signés en 2002 avec la France, l'Espagne et l'Italie. Le contrat de conversion conclu avec la France, relève le ministre, a déjà permis de transformer en investissements un montant de 60,9 millions d'euros affectés au financement de trois projets réalisés par Michelin (pneumatiques), Société Générale (banque) et l'entreprise laitière Fromager BEL. Celui-ci signé avec l'Espagne, et qui concerne un montant de 40 millions d'euros, a été consommé. C'est la société ibérique Vilar Mir qui en a bénéficié dans le cadre de la privatisation d'Asmidal. Pour ce qui est de l'Italie, le processus de conversion se fait selon un montage financier différent de celui convenu avec la France et l'Espagne. L'accord de conversion avec Rome porte sur un montant de 84 millions d'euros destinés à des projets sociaux et économiques financés sur le budget de l'Etat algérien. Sa particularité est que la partie italienne effacera ce montant du stock des créances qu'elle détient sur l'Algérie, une fois les projets réalisés. La dette extérieure de l'Algérie, actuellement de 13,9 milliards de dollars, devrait chuter davantage cette année à la faveur du processus de paiement par anticipation entamé par l'Algérie avec les institutions financières internationales (crédits multilatéraux) et bientôt avec ses créanciers publics et privés réunis dans les Clubs de Paris et de Londres. Pour rappel, le ministre des Finances avait annoncé la tenue d'une réunion entre l'Algérie et le Club de Paris le 10 mai prochain pour discuter du remboursement par anticipation de la dette extérieure de l'Algérie auprès de cet organisme, estimée à 8 milliards de dollars. Les pays membres du Club de Paris s'étaient réunis dans la capitale française le 5 avril dernier pour examiner la demande de remboursement anticipé de la dette algérienne, introduite officiellement par l'Algérie à la mi-mars 2006. Meziane RABHI