Des dizaines d'universitaires, ayant participé à plusieurs concours d'embauche, ne cessent de dénoncer les irrégularités dans l'établissement des listes des postulants retenus. Ces derniers mois, plusieurs directions, entreprises et organismes publics de la wilaya de Biskra ont organisé des concours de recrutement afin de pourvoir leurs services administratifs, techniques ou pédagogiques en personnels. Il va sans dire que beaucoup de jeunes, diplômés ou pas, ont pu décrocher un emploi dans tel ou tel secteur d'activité. Ceux-là sont chanceux, car des dizaines d'autres postulants à un poste de travail restent manifestement sur le carreau sans aucune possibilité de recours ou de révision des résultats, constatent des jeunes ayant pris attache avec El Watan. Aigris et décontenancés, ceux-ci racontent à qui veut bien les entendre qu'ils ont été grugés ou privés d'un emploi et donc condamnés au chômage à cause des passe-droits et du népotisme présents, selon eux, à tous les niveaux et dans tous les secteurs d'activités. G. Abdelhak, 29 ans, licencié en langue anglaise, a participé 3 fois à des concours de recrutement organisés par la direction de l'éducation sans jamais avoir été retenu sur la liste des lauréats. L'année dernière, il avait même pris part au mouvement de protestation des candidats ayant échoué à un concours pour un poste d'enseignant afin de dénoncer les critères et modes de sélection édictés par l'autorité habilitée tout autant que la liste des reçus «composée à 50% de filles et de fils de Si Flène, cooptés en catimini, faisant de cette opération de recrutement une véritable mascarade». Au mois d'août, il va encore une fois concourir pour un emploi de professeur dans l'éducation nationale laquelle recrutera 352 nouveaux enseignants, tous paliers confondus, pour la prochaine rentrée. Remettant en cause les modalités de ces concours «opaques» et leurs résultats qu'il accuse d'être, dans la majorité des cas, «entachés d'irrégularités.», il espère seulement que, cette fois, les organisateurs veilleront à la transparence et la crédibilité de l'opération et que les plus méritants seront retenus. Evoquant un autre concours de recrutement initié par un organisme de sécurité sociale et visant à engager 4 médecins et 14 TS de la santé, F. Lazhar, soutient que la liste des reçus a été concoctée bien avant que le concours ait eu lieu. En outre, il rapporte qu'un cadre influent aurait réussi à placer une quinzaine de membres de sa famille dans une structure publique sans que personne n'ait trouvé à en redire. Un autre interlocuteur, B. Mourad, lui, se base sur un récit qui ne serait pas aussi anecdotique que cela. Candidat à un poste de travail dans une administration publique dont le concours devait se dérouler à Ouargla, il a reçu, la veille de son départ pour cette ville, un coup de téléphone d'une connaissance, lui expliquant le plus naturellement du monde que la liste des reçus (sur laquelle il n'apparaissait pas) avait été élaborée et que donc ce n'était pas la peine qu'il se fatigue en faisant ce long voyage puisque les dés pipés étaient jetés d'avance. Enfin, M. Hassina, au chômage depuis 6 ans, ayant obtenu deux baccalauréats et deux licences, l'une en relations internationales et l'autre en psychologie, remet ses déboires professionnels sur le fait de n'avoir pas d'entrée dans les administrations et les cercles de décision, ni de membres de sa famille capable de booster sa candidature à un poste de travail. Citant le cas des enfants d'un haut responsable syndical qui ont tous été recrutés à différents postes d'emploi «en un tour de main», précise-t-elle, elle ne désespère pas pour autant de se voir, un jour, elle aussi, recrutée mais par la seule force de ses capacités intellectuelles et de ses connaissances scientifiques.