Rencontrée lors d'un concert donné au chapiteau de l'hôtel Hilton à Alger, la chanteuse Amel Zen fait partie de ces artistes qui nous rappellent qu'il est encore possible de faire de la belle musique. Elle revient, dans cet entretien, sur sa carrière qui débute à peine. -Comment êtes-vous venue dans le monde de la chanson ? A l'âge de dix ans, j'ai intégré l'association de musique andalouse El Kaissaïria de Cherchell. En 2002, quand j'ai eu mon bac, je n'ai pu poursuivre l'association. J'ai donc intégré par la suite, l'orchestre régional d'Alger, avec Zerrouk Mokdad, et en 2004, l'orchestre national de musique andalouse, sous la houlette de Rachid Guerbas. En 2007, quand j'ai terminé mes études d'architecture, j'ai participé à la première édition de Alhan wa chabab où j'ai représenté la wilaya de Tipaza. Je suis arrivée au septième prime. Après 2007, ce fut le véritable challenge. La période de flottement. Il fallait trouver une solution pour s'imposer artistiquement. Je me cherchais constamment. Je cherchais, en fait, mon identité. Il fallait chercher la couleur avec laquelle je devais m'annoncer au public. Et en mai dernier, j'ai sorti, aux éditions Papidou, mon premier album au titre éponyme. -Votre album portant votre nom est riche en sonorités. Ce premier album, sorti le 25 mai dernier, porte mon nom. C'est un album riche en sonorités. Il faut dire que je suis une personne ouverte aux autres styles musicaux. J'ai toujours eu un penchant pour la salsa, le rock et la pop. J'apprécie tout ce qui est méditerranéen. L'Algérie est riche. Je suis une Algérienne qui absorbe toute cette énergie positive et toute cette culture de ce pays. Je suis de mère chaouie et de père chenoui. J'ai été bercé par la musique arabo-andalouse. Je suis une Algérienne moderne qui écoute la musique du monde. En ce moment, je suis très jazz. C'est une musique assez complexe. Pour revenir à mon album, il est à essence ethno- pop algérien. Il comporte douze titres. Je suis l'auteur-compositeur de huit titres. Deux autres ont été réalisés en collaboration avec des auteurs-compositeurs, Messaoud Agrane, Yanis Djama, Yacine Meziane et Gargour Amine, un titre du patrimoine, un instrumental, une reprise en berbère et le remix du single Kan I'koli fait par The Crossfaders. Les sujets abordés sont variés, entre autres, l'amour, la trahison, la nostalgie, l'enfance, l'hypocrisie. -Le morceau rihet el belda est du daydan à l'état pur ? Exactement. C'est du daydan. C'est un style mis en valeur à travers le titre Yelis Iyourayen, écrit par Belkacem Msilti et composé par le groupe Iyourayen. Il ne faut pas oublier que je suis de la région bérbérophone de Tipaza : Gouraya. Je me devais de rendre hommage à ma région. J'ai arrangé le titre en question en lui donnant une nouvelle mélodie. -On retrouve également dans votre album, une touche prononcée de rock Pour ne rien vous cacher, j'ai composé la chanson Aïnek mizenek au feeling. C'est parce que j'ai été trahi par des amis — en lesquels j'avais une confiance aveugle — qu'un jour en me réveillant, je me suis retrouvée à fredonner les paroles suivantes : «Ainek mizenek mataetichi li chihad, limayestahel aâtih ala hsabou». J'avais au fond de moi une rage qui ne voulait pas s'estomper. Je l'ai chantée, ainsi, avec une sonorité très rock. -Quelles sont vos références dans la région de l'Algérois ? Fadhila El Djazaria, Naïma El Djazaïria et Nadia Benyoucef. J'écoute également les répertoires anciens tels que Lili Boniche ou encore Reinette l'Oranaise. -Un dernier mot peut-être… Je caresse le rêve d'entreprendre une carrière internationale. C'est un peu partir pour mieux revenir (rires). Par ailleurs, j'espère avoir du courage et de la persévérance pour ne pas sombrer quand je suis dans des moments difficiles.