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Une période de transition est nécessaire pour construire le changement radical
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Publié dans El Watan le 12 - 08 - 2013

L'actualité nationale, déjà fortement agitée compte tenu du contexte international, régional et national, s'est accélérée depuis le 27 avril dernier, après le transfert en urgence du président de la République, en France. Cette contribution vise à préciser la position du Mouvement de citoyenneté par rapport aux questions récurrentes et aux différentes initiatives prises par les différentes parties.
La maladie du Président et l'article 88 de la Constitution
Examinons d'abord l'article 88 de la Constitution, il dit ceci : «Lorsque le président de la République, pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l'impossibilité totale d'exercer ses fonctions, le Conseil constitutionnel se réunit de plein droit, et après avoir vérifié la réalité de cet empêchement par tous les moyens appropriés, propose à l'unanimité au Parlement, de déclarer l'état d'empêchement. Le Parlement siégeant en Chambres réunies déclare l'état d'empêchement du président de la République à la majorité des deux tiers…». La maladie du président de la République est grave, parce qu'il a été évacué en urgence dans un établissement hospitalier militaire français, et elle est durable parce qu'il s'agit d'un accident vasculaire cérébral (AVC), dont les séquelles mettent des mois, voire des années à se résorber.
D'ailleurs, nous abordons, ces jours-ci, le quatrième mois d'absence du président de la République, qui est toujours l'objet d'intenses soins en Algérie, après un séjour de près de 2 mois dans un autre établissement militaire français. Toutefois, même si les mécanismes sont clairs, la Constitution laisse une marge importante à l'interprétation et aux manœuvres. Quand bien même la maladie est grave et durable, que faire si le Conseil constitutionnel ne se réunit pas de plein droit ? S'il ne propose pas, à l'unanimité, au Parlement de déclarer l'état d'empêchement ? Si le Parlement déclare cet état d'empêchement à une majorité inférieure aux deux tiers ? On ne peut rien faire qui ne remette en cause la Constitution elle-même.
Ceux qui, agissant en toute bonne foi, ont réclamé l'application de l'article 88 n'ont fait qu'appeler à une disposition constitutionnelle, non à une quelconque destitution. Il ne faut pas oublier que le régime en Algérie est fortement présidentiel, avec un président de la République, premier magistrat, chef suprême des forces armées et ministre de la Défense, concentrant l'essentiel du pouvoir et même les attributs de la souveraineté. Et à ce titre, toute absence ne peut être que préjudiciable au fonctionnement de la République.
Dans les pays les plus développés et les plus sérieux, le peuple est informé de toute absence et de toute mesure constitutionnelle appliquée pour assurer la continuité de l'exercice du pouvoir, même pour une opération nécessitant une anesthésie de quelques minutes. Il est vrai que dans ces pays, l'intérêt national et le respect des citoyens priment sur toute considération personnelle et le mensonge constitue un délit.
La gestion de la communication
Dans le but de rassurer les opinions publiques nationale et internationale, des initiatives ont été prises en matière de communication. Mais celle qui a le plus défrayé la chronique est celle montée aux Invalides, sous le portrait du président de la République française, scène qui poursuivait deux objectifs : d'une part, rassurer l'opinion publique nationale et internationale sur les capacités physiques du Président à terminer sa mission, et d'autre part faire taire ceux qui veulent saisir l'opportunité pour un changement anticipé. Les images que nous avons reçues ont-elles rassuré l'opinion publique nationale ? Au contraire, elles n'ont pas du tout confirmé la capacité du Président à gouverner. D'ailleurs, la nouvelle précision de la cause du transfert à l'étranger et de l'hospitalisation, qui avait été communiquée à ce moment-là, n'est pas passée inaperçue ; l'accident vasculaire cérébral est maintenant évoqué, et il s'agit d'un grand écart par rapport aux déclarations antérieures, écart de nature à renforcer le doute et à saper définitivement le crédit.
Enfin, personne ne pouvait croire que l'on puisse débattre de sujets sensibles ou importants de ce niveau dans un établissement militaire français, fut-il hospitalier.
C'est une symbolique qui a suscité, auprès de l'opinion publique nationale, une forte odeur de l'époque coloniale. En ce qui concerne l'opinion publique internationale, tout le monde sait que c'est le dernier de ses soucis. Nos ennemis ont dû en rire et nos amis, s'il en reste encore, devaient se mettre à la recherche d'autres amitiés plus crédibles et plus sûres.Quant aux chancelleries, au moins les plus importantes, elles puisaient et puisent encore leurs informations à la source, connaissant la situation exacte et en suivant son évolution en temps réel.
De l'opportunité pour un changement anticipé
Compte tenu de l'accélération de l'histoire, l'actualité est évidemment marquée par une forte agitation politique. Plusieurs initiatives ont été médiatisées.
Nous avons porté une première appréciation sur l'initiative de Chafik Mesbah qui propose, d'une part, une période de transition et d'autre part le président Zeroual pour la gérer. Tout d'abord, il faut souligner que M. Mesbah figure parmi les meilleurs politologues de l'Algérie, qui par ses formations en politique, en sociologie et en stratégie, sait intégrer les analyses politiques et les projections stratégiques, ceci d'autant plus que son parcours professionnel lui a permis de mesurer toutes les pressions externes et internes qui se sont exercées et qui s'exercent encore sur notre pays, et d'avoir une vision croisée des problèmes de l'Algérie et, par conséquent, d'appréhender des projets de solutions. La solution qu'il a proposée tient compte des contradictions du dispositif constitutionnel, de l'état des lieux caractérisé par un vide politique provoqué et entretenu, des insuffisances et du manque de crédibilité du système électoral, de la nécessité d'assainir la situation et de l'urgence des actions de sauvetage de l'Algérie.
Pourquoi M. Zeroual ?
Le président Zeroual peut, en effet, être une solution pour une période de transition qui viserait – et c'est là notre opinion – à instaurer un véritable Etat de droit, un Etat de citoyenneté, avec l'aide et le soutien de la majorité des acteurs politiques et de la société civile qui devraient être associés à la démarche.
Parce qu'il est connu pour son honnêteté, son patriotisme et sa dignité.
Il a démissionné 3 fois dans sa carrière pour des questions de principe : une fois en tant que général, commandant des forces terrestres, une fois en tant qu'ambassadeur et une fois en tant que président de la République. C'est dire qu'il n'est pas animé par le souci de se maintenir au pouvoir coûte que coûte, ni par celui de s'octroyer tous les attributs de la souveraineté.
Ce qui signifie qu'il est capable de rassembler et d'inscrire ses actions sur la stricte base de l'intérêt national, dans une dynamique de sauvetage pour le court terme et dans une vision orientée vers des objectifs à très long terme. Si l'on veut rester dans le registre des personnalités connues, M. Hamrouche a aussi démontré, lors de son passage à la tête du gouvernement dans une Algérie en pleine ébullition, de grandes capacités de direction et de maintien de cap dans la tempête et il peut réussir une transition salutaire pour le pays.
Parti du même constat, c'est-à-dire que compte tenu des contradictions du dispositif constitutionnel, du vide politique, des insuffisances du système électoral, de la nécessité d'agir en urgence pour sauver l'Algérie, comme cela a été dit plus haut, le Mouvement de citoyenneté propose une phase de transition, et le plus tôt sera le mieux.
Point de vue du Mouvement de citoyenneté
Le plus tôt sera le mieux, parce qu'il s'agit, tout d'abord, de prendre toutes les mesures d'urgence pour éviter au pays le crash économique, précurseur de tous les dangers. Ces mesures sont identifiées et ne sont pas uniquement économiques mais aussi politiques et juridiques, car elles passent par la nécessaire reprise de confiance du peuple qu'il faudra mobiliser et auquel il faudra encore demander des sacrifices.
Il faudra également lui redonner l'espoir et, pour cela, s'inscrire résolument dans une dynamique de changement radical pour l'édification d'un Etat de citoyenneté.
Nous nous sommes longuement exprimés sur cette phase de transition, au cours de laquelle seront mis en place les fondements de la IIe République : un pacte de citoyenneté et une nouvelle Constitution qui consacrerait un véritable Etat de droit. La citoyenneté est la réponse idoine aux problèmes de pluralisme et des divisions de la société provoquées et entretenues.
C'est la solution pour fédérer l'ensemble des Algériens, quels que soient leur ancrage idéologique, leur appartenance partisane et leurs particularismes. Nous ne répéterons jamais assez, c'est la seule solution et le seul espoir pour conférer à l'Algérie la dimension de pays émergent, une nation unie et rassemblée pour relever tous les défis qui attendent les générations futures. D'ailleurs, à titre d'exemple, un pays comme l'Egypte n'aurait jamais vécu les drames et les remous qui l'agitent en permanence si, il y a deux ans, il avait adopté la démarche que nous préconisions. Il fait partie de ces pays qui passent depuis des décennies d'un régime dictatorial à un autre, où la transition ne se traduit que par des coups d'Etat, des émeutes et des bains de sang.
Depuis des décennies, l'Algérie a trop payé, elle a payé le prix le plus fort. Elle ne peut plus faire l'économie d'une période de transition visant des objectifs clairs et transparents, avec un véritable cahier des charges et une feuille de route pour sortir ce pays du cercle vicieux de la médiocrité, de la corruption, de l'esbroufe. L'union de toutes les forces patriotiques est exigée pour construire un Etat de citoyenneté, un véritable Etat de droit précurseur de toutes les espérances de développement et de puissance. «Je ne veux que la réforme, autant que je le puisse, et réussir ne tient pour moi qu'à Dieu, et je m'en remets à Lui, et vers Lui je retourne» (Coran, chapitre 11, verset 88).
Pour le Mouvement de citoyenneté


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