Pendant trois jours, la population de T'kout s'est souvenue des événements douloureux qu'a connus leur localité durant l'année 2004 après l'assassinat du jeune Chouaib Argabi par des éléments de la garde communale. Le deuxième anniversaire a été célébré du jeudi au samedi par les animateurs du mouvement citoyen qui a rassemblé la population autour de quelques activités commémoratives comme pour dire que la flamme revendicative n'est pas éteinte. L'exposition, qui a occupé le centre-ville, a permis à chacun de se remémorer les souvenirs de ces jours de mai qui ont vu la ville ébranlée par un séisme juvénile sans précédent contre la hogra avant de transformer la colère en mouvement organisé, en prolongement du Mouvement national des archs. Le pouvoir avait répondu par la répression en actionnant sa machine judiciaire contre les jeunes émeutiers et en menant une véritable chasse à l'homme contre les délégués. Depuis, les condamnés ont bénéficié des dispositions de grâce, mais rien ne semble avoir entamé leur détermination à poursuivre la lutte pour la citoyenneté. Dans une déclaration rédigée le 13 mai, le mouvement revendique « la réouverture des dossiers des assassins du jeune Chouaib Argabi ainsi que tous les dossiers des assassins des jeunes martyrs du printemps noir ». Il exige aussi l'application du document de la mise en œuvre de plate-forme d'El Kseur et la libération du directeur du Matin, Mohamed Benchicou. Par ailleurs, la commune de T'kout (80 km au sud de Batna) demeure un sanctuaire du chômage et de la pauvreté, parce que privée des bienfaits du développement mené dans le cadre de la politique gouvernementale. Les pluies torrentielles du 3 mai dernier et les inondations qui s'en sont suivies ont provoqué des dégâts considérables, aggravant une situation déjà précaire. Le Mouvement citoyen des Aurès (MCA), qui signe la déclaration, estime que la région d'Ighzer Amellal doit être considérée comme zone sinistrée et demande aux autorités des mesures immédiates pour la prise en charge des populations touchées qui vivent sans eau potable et sans électricité, carrément coupées du monde après la dégradation de la RN 31 au niveau des gorges de Taghit.