C'est aujourd'hui que se tiendra, à Bruxelles, la première session du Conseil d'association Algérie-Union européenne (UE), après avoir été, rappelons-le, reporté à la demande de l'Algérie en mars dernier. Les raisons de ce report ont été, selon le communiqué d'Alger, la sous-représentation de la partie européenne et l'inconsistance de l'ordre du jour mis en place par la seule partie européenne. Moment fort de la mise en route effective de l'accord d'association Algérie-UE, ce premier conseil aura, au-delà des aspects techniques de mise en place des groupes de travail thématiques et des instruments institutionnels de coopération, à exposer les visions politiques des deux parties sur les stratégies à moyen et long termes dans la coopération euro-méditerranéenne, les perspectives de négociations au sein de l'OMC, notamment l'appui européen à l'Algérie pour son adhésion et la question primordiale de la coopération énergétique. A ce titre, la délégation algérienne sera conduite par le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, secondé par les ministres et experts des secteurs-clés de l'Economie. En face, les plus hauts responsables européens comme Manuel Barroso, le chef de l'exécutif européen ; Javier Solana le représentant de la politique extérieure de l'UE ; Benita Ferrero-Waldner, relations extérieures seront les vis-à-vis des Algériens. Concrètement, cinq groupes de travail seront mis en place, il s'agit de ceux du « commerce, industrie et service », de « l'agriculture et la pêche », du « transport et de l'énergie », de « la justice et affaires intérieures », et celui de « la société d'information, recherche et innovation ». D'autres questions, comme celle relative au protocole additionnel qui étendrait la ratification de l'accord d'association aux dix Etats membres, qui ont rejoint l'UE en mai 2004, le diagnostic des réformes en Algérie seront examinées Toutefois, et eu égard aux soubresauts du marché mondial de l'énergie et des alertes de crise de l'hiver dernier, les deux parties consacreront une partie de leurs discussions à la coopération énergétique, notamment l'approvisionnement de l'UE en gaz. Un mémorandum ou un protocole sanctionnant un « partenariat énergétique stratégique » est attendu des deux parties. Est-il besoin de rappeler que l'Algérie est le deuxième fournisseur en gaz, notamment le naturel liquéfié (GNL), de l'UE après la Russie et devant la Norvège ? L'Algérie fournit à hauteur de 30% la consommation européenne et, d'après le livre vert de la Commission européenne, ces fournitures atteindront les 36% vers 2008-2010. C'est dire tous les intérêts stratégiques communs qui lient l'UE à l'Algérie pour les décennies à venir, face à la vague de la mondialisation. Partant, les deux parties sont appelées à se concerter sur les autres questions internationales, en particulier celles prioritaires pour la paix dans le monde, la résolution des conflits en cours, la lutte contre le sous-développement et l'engagement pour les droits de l'homme et la démocratie. Autant d'urgences s'il en est, et qui expliquent la décision du report par Alger de la première rencontre de mars. L'enjeu est capital pour « démarrer », dans les faits, la coopération de proximité Algérie-UE.